Beau Maurice, Historique de la Laiterie de Rulle (16)
LAITERIE FROMAGERIE DE RULLE. [SIGOGNE 16]
Rulle est un petit Hameau, dans le nord de la commune de Sigogne, en Charente. C’est en 1928, que monsieur Beau, maçon de son état, va tenter une sérieuse aventure, en se lançant dans la création d’une petite laiterie à Rulle. Equipé d’une petite brouette et de quelques bidons, il va récupérer le lait des vaches de son voisinage. Vu le peu de moyens mis en œuvre, certains de ses voisins, très méfiants, ne lui feront pas confiance.
À l‘époque, chaque petite exploitation avait au moins une ou deux vaches. Tout le matériel de la laiterie de Rulle, écrémeuse, baratte, fonctionnait manuellement. C’est dans un petit moule en bois que Maurice Beau fabriquait ses quarts de beurre, et le petit lait récupéré, était vendu à ses voisins.La gestion et la rentabilité d’une laiterie demandent cependant de la rigueur : Très rapidement, M. Beau, va faire construire une petite porcherie et utiliser ainsi le petit lait. Dès 1930, afin d’étendre son activité, il s‘équipe d’une voiture à cheval, et commence la collecte du lait dans les villages environnants.Bizarrement, c’est pendant l’occupation, dans les années 1940, que la laiterie va trouver son plein essor. Elle complète sa production en fabriquant du fromage blanc demi-crème, marque LA CIGOGNE, des yaourts, et de la caséine. C’est d’ailleurs, pour la fabrication de la caséine, que Maurice Beau fera édifier son château d’eau et dresser une grande cheminée en briques roses, construite par des ouvriers spécialisés venus de Limoges.
Dépôt au Greffe du Tribunal de Commerce de Cognac de la marque de fromage La Cigogne, le 14 octobre 1943, par M. Maurice Beau.
Selon Monsieur Blanchet, à qui nous devons cet historique, deux courtiers effectuaient alors chaque matin et tous les jours de la semaine, le ramassage du lait dans les villages voisins. Dès 1940, Mauricette Beau, fille du fromager, âgée de seulement 16 ans, va prendre énergiquement en main, la gestion administrative de la laiterie. Pendant toute l’occupation, Maurice Beau, aura l’autorisation de circuler en voiture et ira lui-même livrer ses produits aux commerçants de Cognac et Angoulême. Il profitera aussi de cet avantage, pour se faire accompagner parfois de quelques dames assez volages. Très crâneur, il se plaira à dire «Je les fais payer en nature». L’importante porcherie, accolée à la laiterie, produisait annuellement 200 porcs, et de nombreuses personnes de la région, y étaient employées.
La laiterie cessera son activité en 1968. Le fond de commerce sera vendu à la laiterie de Soubise, proche de Rochefort, en Charente-Maritime. Monsieur René Laforge, gendre de Monsieur Beau, fera fonctionner la porcherie jusqu’en 1972.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 07 octobre 2012]
Date de dernière mise à jour : 14/04/2022