Fromagerie Grand'Ouche, Reparsac (16)
LAITERIE FROMAGERIE DU GRAND’OUCHE. [REPARSAC, CHARENTE 16B]
PHYLLOXERA : Comme à chaque fois que nous apportons à nos lecteurs des informations sur une laiterie ou une fromagerie de la Charente, nous sommes contraints d’évoquer le « Phylloxéra » et ses ravages dans le vignoble charentais, jusqu’à la fin du 19ème siècle. Cette petite parenthèse est toujours nécessaire, car elle explique les raisons de la reconversion agricole qui se met en place dans ce département, à partir de 1890. Les laiteries succèdent aux distilleries, et le lait va remplacer le cognac. Des coopératives vont s’installer et produire au fil des ans un beurre de très grande qualité, qui trouvera sa place sur tous les grands marchés de France. Des entrepreneurs s’intéressent aussi à cette nouvelle industrie. C’est ainsi que Léonce Vezien, va fonder en 1933, la Laiterie du Grand’Ouche, à Réparsac.
VEZIEN LÉONCE : Né le 22 janvier 1883, à la Crèche, dans le département des Deux-Sèvres. Il épouse Mlle Azoline Nigot. En 1904, il est contrôleur laitier à Coulon, puis dix ans plus tard, directeur de la laiterie Coopérative de Prahecq, dans les Deux-Sèvres, où il lance la pasteurisation du lait. 1918, verra la naissance de son fils Pierre, à Prahecq, et on verra que celui-ci prendra plus tard une part très importante dans le développement de la fromagerie du Grand’Ouche. En 1924, Léonce Vezien va créer une laiterie à Arvert-Avallon, dans le département de la Charente-Maritime, avant d’acheter une propriété en friche, à Smith Haut-Laffite (Médoc), où il va créer une importante porcherie qui restera en activité jusqu’en 1931. On retrouve encore cet entrepreneur très actif, à Sainte-Pézenne, près de Niort, où il gère une nouvelle laiterie. Cette expérience acquise dans différentes usines, va pousser M. Vezien, à s’installer à Réparsac et créer en 1933, sur ladite commune une laiterie-fromagerie.
FROMAGERIE DU GRAND’OUCHE : Les bâtiments de la laiterie-fromagerie de Réparsac sont à leurs débuts composés d’ateliers de fabrications en béton, couverts de tuile mécanique, d’un ancien logement de fonction transformé en bureaux à un étage carré, en moellon enduit à toit à longs pans avec croupe, et couvert de tuile creuse, d’un atelier de réparation en béton avec une terrasse, d’un logement patronal en pierre de taille, avec façade à deux niveaux à travées et ordonnancée, toit à longs pans et croupe, couvert d'ardoise, ainsi que d’une importante porcherie, construite en 1934, et pouvant contenir jusqu’à 2000 porcs, Le matériel de l’usine est en partie de la récupération de machines dans des laiteries qui ferment. Les débuts sont modestes. Selon l’Echos Réparsaçais (décembre 2012), les tournées de ramassage du lait vont débuter le 25 janvier 1933. Trois pour commencer, avec des voitures tirées par des chevaux. L’activité première de cette laiterie sera au démarrage, la vente de lait de consommation sur Angoulême ainsi que Cognac, suite à un accord passé avec la laiterie de Herpe. Si la population de Réparsac est stable, c’est grâce à sa laiterie et aux emplois qu’elle propose aux habitants de la commune. A titre d’exemple, Grand’Ouche employait 150 personnes en 1970, pour une population de 675 personnes.
FABRICATIONS & MARQUES : Lait de consommation comme mentionné plus haut, lait en poudre, mais aussi du beurre, de la caséine, un fromage blanc, commercialisé sous le nom de « Le Petit Réparsacais » et vendu principalement à Bordeaux, un fromage de type Hollande, de carrés de l’Ouest commercialisés sous différents noms, sans oublier la fabrication de camemberts et les marques « Grand’Ouche » & « Le Roi Charentais », étiquette représentant François 1er, le fameux « Chavroux » produit exclusivement à Réparsac.
"Un casse croûte comme un grand repas, sans Grand'Ouche ne se fait pas"
LES ANNÉES D’EXPANSION : Les années 1950 seront les plus prospères. La guerre est terminée ainsi que les privations, la consommation reprend fortement. Certains industriels relèveront le défi de tout reconstruire et de relancer leur activité, d’autres pour de multiples raisons se retireront des affaires. Léonce Vezien et son fils Pierre profitent de la notoriété de Grand’Ouche pour s’agrandir… Ils vont acquérir pas moins d’une dizaine de laiteries comme la laiterie Lucazeau à Pons (17), la Laiterie Moderne de Germignac et de la Vallée de la Charente (17), les Ets Besse, laiterie de Champagnac, sur la commune de Jonzac (17), les laiteries de Villefagnan et Aigre, en Nord Charente pour le lait de chèvre, la Laiterie de Saint-Amant-de-Nouère (16), la Laiterie de Gourville, de M. Perrard (16), Charmé (16), Combiers (16) et la Laiterie de Sainte-Sévère (16). En cette fin des années 1950, la Laiterie-Fromagerie de la Grand’Ouche est une société en nom collectif : Vezien Père et Fils. Mai 1959, Léonce Vezien décède à l’âge de 76 ans, emporté par la maladie. Pierre Vezien va succéder à son père, aidé par sa femme Raymonde (née Texier), et par M. Guichet, contremaître à cette époque.
FIN & RECOMMENCEMENT D’UNE BELLE HISTOIRE : En 1970, La fromagerie Grand’Ouche va intégrer le groupe Bongrain S.A. Plus de 40 marques de fromages, à peu près toutes connues des français sont réunies avec ce rapprochement. C'est ainsi que l’usine Grand’Ouche a été et restera peut-être encore longtemps le poumon économique de cette petite commune de Réparsac.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, Première Publication le 27 juillet 2016]
Date de dernière mise à jour : 08/04/2022