Laiterie Caséinerie Coopérative d'Uzelet (79)
LAITERIE CASÉINERIE COOPÉRATIVE D'UZELET par Ardin [Deux-Sèvres 79]
1- ALPHONSE LAVOIS (Président Fondateur de la Société Coopérative d’Uzelet) :
Né en 1857, Alphonse Lavois était un homme de caractère, une forte personnalité. Peu après son arrivée à Dilay, dans les Deux-Sèvres, il est nommé Président de la panification d’Ardin. Pour certains de ses adversaires il était anticlérical, pour d’autres il était perçu comme un réactionnaire. Il fut Conseiller Municipal pendant plus d’un quart de siècle, puis Maire de la commune pendant quinze ans, (de 1908 à 1910) puis de (1912 à 1925). De nos jours, une rue porte son nom à Ardin. Reconnu pour ses qualités d’administrateur et de gestionnaire, le voilà approché en 1896, par plusieurs cultivateurs de la laiterie de Béceleuf, qui demandent son aide pour la création d’une nouvelle laiterie à Ardin.
Très vite, le choix se porte sur un moulin à eau convenant particulièrement à l’installation d’une laiterie, et appartenant à M. Pierre Bonnaud. Il était situé sur le bord de l’Autize au Zelet, proche à la fois du bourg et de la route départementale de Saint-Maixent à Fontenay. En 1897, un groupement de cultivateurs va rapidement trouver un accord avec M. Pierre Bonnaud pour l’achat du moulin, affaire conclue d’autant plus facilement que le prix proposé au vendeur semble être très avantageux. Mais quel drôle de nom : le Zelet ! Alors de sa propre autorité M. Lavois va décider que dorénavant ce lieu-dit ne s’appellera plus : Zelet mais UZELET. À l’oreille, cela fait « Use-lait », un nom prédestiné pour une laiterie. D Puis, en un temps record, on construit, on transforme, on aménage, on démolit même afin de récupérer des pierres de la dernière des quatre tours de l’ancien château féodal de la Fosse !
Bientôt, vont sortir d’un établissement tout neuf, les premiers exemplaires du beurre d’Uzelet. La beurrerie prospère rapidement, la voilà en plein essor. Malheureusement, suite à un incendie en 1898, la laiterie est complétement détruite, mais trois mois plus tard elle est reconstruite et l’activité repart de plus belle.
2- Des Chiffres Impressionnants :
À ses débuts, la laiterie fédérait 400 sociétaires, elle traitait 100000 litres de lait par an, et fabriquait 5000 kilos de beurre. En 1908 elle collectait 4,5 millions de litres de lait, en 1913 5,8 millions de litres et en 1932, le chiffre impressionnant de 9,000,000 de litres avec lesquels elle a fabriqué 500.000 kilos de beurre dont la vente a produit 8.000.000 de francs. Ces chiffres plaçaient alors la Société Coopérative d’Uzelet au premier rang des laiteries des deux-sèvres.
3- Un Matériel performant :
Le traitement de 40 000 litres de lait par Jour nécessite, évidemment, une Installation moderne permettant d'accomplir le travail dans de très bonnes conditions et dans le moins de temps possible. Chaque Jour, 28 laitiers et 4 camions automobiles apportent le lait à l'usine. Un quai de débarquement de 1S mètres de long permet à 5 ou 6 voituriers d'opérer simultanément le décharge- ment des bidons qui sont ensuite versés par chaque laitier dans deux bacs mesureurs d'une capacité de 820 litres chacun. Sur ces bacs sont placés des filtres pour débarrasser le lait des impuretés qu'il pourrait contenir. Le lait coule ensuite, par le moyen d'une tuyauterie, dans un bassin de 3.000 litres qui le distribue aux écrémeuses.
L'ozonateur : La salle des chaudières possède une multitubulaire de 50 ch. voisinant avec une sémitubulaire de 100 ch. À côté, la salle des machines, où tournent deux moteurs à vapeur de 25 et 40 ch. Une cloison vitrée sépare la salle de fabrication de la salle des machines. Cette dernière est Claire, avec des murs recouverts de carreaux blancs émaillés, avec son sol pavé de carreaux de grès, son plafond peint couleur bleu-ciel, elle est d’une propreté méticuleuse, une des conditions capitales de succès en laiterie.
Quatre écrémeuses, dont une d'un débit horaire de 5.000 litres écrèment le lait aussitôt à son arrivée. La crème est ensuite acheminée sur un réfrigérant et dirigée à sa sortie vers deux cuves de maturation de 2.500 litres chacune et placées dans un local à proximité des barattes.
Dans la chambre à crème, la propreté éclate partout. Deux plafonds de liège l'Isolent du dehors : à l'intérieur, un système de chauffage et d'aération permet de maintenir la température au degré voulu. Murs au carrelage blanc, plafond bleu-ciel, cuves couleur crème, l'ensemble forme un vrai régal pour l'œil, et une garantie pour l'acheteur.
Après un séjour de 20 heures dans les bacs de maturation, la crème est conduite dans trois barattes de 1.500 litres chacune. Après un bon barattage, le beurre une fois bien délaité et bien lavé, est transporté au malaxeur. Moulé ensuite avec les plus grands soins de propreté, Il est emballé et déposé dans une chambre froide en attendant son départ.
À l'usine est annexé un laboratoire possédant tous les appareils modernes pour le contrôle et les analyses du lait et du beurre et qui permet de suivre scientifiquement, tant au point de vue chimique qu'hygiénique, les diverses phases du travail du lait, depuis l'étable jusqu'à sa sortie de l'usine. Journellement des échantillons de beurre sont prélevés et soumis à des essais de conservation. Cette laiterie est bien le modèle du travail dans l'ordre, la netteté, la propreté.
Une caséinerie est annexée à l'établissement dans les années 1910 et de nouveaux ateliers sont bâtis. Un corps de bâtiment renfermant des chambres de congélation est construit vers 1960.
En 1970 est fondée la Coopérative laitière de la Gâtine et du Centre-Ouest par l'union des laiteries de Mazières-en-Gâtine, Ménigoute, Saint-Christophe-sur-Roc, Sainte-Ouenne et Uzelet. la laiterie emploie 19 salariés et 12 entrepreneurs assurent le ramassage du lait. Mais conséquence des regroupements, Uzelet fermera ses portes en 1978. Les bâtiments, d'abord rachetés par la commune, seront revendus à un particulier qui y fabrique de l'aliment pour bétail et loue une partie des bâtiments à une pâtisserie industrielle.
Nos remerciements à Marcel Gousseau pour la photo de M. Alphonse Lavois.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, première publication le 02 juin 2019]
Date de dernière mise à jour : 01/03/2024