Laiterie Beurrerie Fromagerie de Beauregard (17)
LAITERIE BEURRERIE FROMAGERIE DE BEAUREGARD, JONZAC 17W
Fromagerie industrielle fondée en 1890 par André Estignard (1858-1949),
André ESTIGNARD est né au Château de Rossignol à Chalagnac en Dordogne. Fils de "Alexandre" Hippolyte ESTIGNARD et de Marie Angélique Edwige AGARD de ROUMEJOUX. Marié le 28 avril 1886 à Jonzac avec Pauline Bégouin (1867-1964) Dans son numéro du 13 novembre 1890, l’Indépendant de la Charente-Inférieure annonçait qu’une grande laiterie pour la fabrication des beurres et fromages s’installait aux portes de Jonzac, à Beauregard, sur la rivière la Seugne. La laiterie prend la dénomination sociale de « Grande Laiterie de Beauregard » à Jonzac. Fabrication de différentes sortes de beurres, récompensé dès 1893 d’une médaille d’or au Concours Général Agricole de Paris. Pour cause d’agrandissement M. Estignard mettait en vente en 1894, une machine à vapeur 6 chevaux, un générateur vertical de système Field, servi un an, mouvement horizontal séparé achetés pour un coût de 6000 francs. André Estignard, propriétaire de la Laiterie de Beauregard,comme beaucoup d’employeurs à cette époque s’intéresse à la politique locale. Il est candidat conservateur au Conseil d’Arrondissement dans le canton de Jonzac en juin 1895 (1). Officier du Mérite Agricole, Estignard était aussi président de la Société de Secours Mutuels de Jonzac et vice-président de l’Union des Sociétés de Secours Mutuels de la Charente-Inférieure.
À l’occasion de son passage à Jonzac Monsieur Chaumet sous-secrétaire d’État remettait à Monsieur Estignard la médaille de bronze de la Mutualité. M. Estignard était aussi Directeur d'une distillerie d'eau de vie de cognac à Jonzac à la suite de son beau-père. En 1898, des malfaiteurs s’introduisaient pendant la nuit dans la Laiterie de Beauregard, commune de Champagnac, coupant les courroies des machines, jetant à l’eau trois écrémeuses, et saccageant tout ce qui était à portée de main. Les pertes sont évaluées à 2330 francs (2) Domicilié à Jonzac en 1925, André Estignard est sans profession. Il décédera le 14 octobre 1949 à Jonzac.
Monsieur Éveillé Eugène et son fils Octave reprennent l’affaire vers 1910 qui va continuer son activité sous le nom de Éveillé et Cie à Jonzac. Ils déposeront le 07 octobre 1912, un fromage à la crème sous la marque « Chacun le Sien ». Cependant la gestion de Messieurs Eveillé sera de courte durée, puisque dans une lettre adressée par la laiterie de Beauregard à sa clientèle, datée du 25 décembre 1914, signée Brochon et Cie, on peut y lire «Monsieur et cher client, Les événements malheureux que nous traversons, nous ont enlevé notre personnel et nos moyens de transport. De ce fait, pour continuer notre industrie qui rend à l’agriculture de grands services, nous sommes obligés, n’ayant pas l ‘embarras du choix, d’avoir un personnel de fortune non habitué et qui commet parfois des erreurs pour lesquelles nous réclamons votre indulgence. À partir du 1er janvier 1915, nous sommes obligés d’élever le prix du beurre à 3f45 le kilo départ. Aucue expédition n’aura lieu sans de nouveaux ordres. Le paiement devra être effectué dès réception de nos factures mensuelles par mandat-poste à nos frais, au dessus de 50 francs. Les factures non acquittées le 10 de chaque mois seront recouvrées par poste tous les frais au compte des clients. Veuillez agréer etc.. Pour Brochon et Cie, signée D. Brochon. Dans la Dépêche du 06 mai 1919 on pouvait lire l’annonce suivante : « Fromages frais demi-sel en fardeaux de 10 cageots de six, expédition journalière, laiterie de Beauregard, Jonzac »
Monsieur Augustin Noël Besse, est le quatrième propriétaire de l’usine. Il est né le 02 janvier 1889 à Bellechassagne, canton de Sornac, département de Corrèze. Mobilisé le 23 novembre 1914, fait prisonnier en 1915, il est rapatrié d’Allemagne le 04 janvier 1919. Avant sa mobilisation Augustin Besse était laitier chez Monsieur Mauxion à Trémentines (Maine-et-Loire). Il dirigeait déjà une laiterie fromagerie à Chasnais en Vendée (85) où il commercialisait la marque « Camembert des Bords du Lay » et « Le Palmier ».
Association à une date indéterminée avec Monsieur Cabos. La fromagerie devient alors Établissements Besse,Cabos et Cie. La société s’installe place du Château à Jonzac à partir du 20 septembre 1926. Au Concours Général Agricole de Paris, 1927, médaille d’argent. Au Concours Agricole de Paris de 1928, médaille d’or. Parmi les employés de la fromagerie de Beauregard on peut citer le nom de Marcel Vigeant, fromager âgé de 18 ans en 1929.
BESSE CABOS & Cie est accusé d’usurpation de nom commercial par Lescure :
Dans une instance introduite par la Maison de beurre L. LESCURE, Contre : 1° M. Jean LESCURE fils, négociant à Ytrac (Cantal); 2° M. Henri PLACER, d'Alger, 10, rue du Languedoc; 3° MM. BESSE, CABOS et Cie, Laiterie de Beauregard à Jonzac (Charente-Inférieure) La Cour d'Appel d'Alger (1re Chambre a rendu le huit juin mil neuf cent trente-huit, un arrêt du dispositif duquel il est extrait ce qui suit : «Dit qu'en ce qui concerne la réalité de l'imitation frauduleuse du nom commercial et la concurrence déloyale par BESSE, CABOS et Cie, Jean LESCURE fils et PLACER, comme en ce qui concerne la mise hors de cause d'Auguste LESCURE, il a été bien jugé, mal appelé; Confirme en conséquence sur ces divers points le jugement attaqué et dit qu'à cet égard il sortira son plein et entier effet; Dit que pour le surplus, il a été mal jugé, bien appelé au principal. Emendant, réformant et faisant ce que les premiers juges auraient dû faire sur ces divers points. Condamne BESSE, CABOS et Cie, Jean LESCURE fils et » PLACER à payer solidairement à la Laiterie Coopérative de » Sainte-Anne-de-Claix (MAISON L. LESCURE) la somme de » dix mille francs (10.00D fr.) à titre de dommages-intérêts » POUR IMITATION FRAUDULEUSE DE NOM COMMERCIAL ET CONCURRENCE DÉLOYALE;
Autorise en outre la Laiterie Coopérative sus-nommée à faire afficher à la porte du Tribunal de Commerce d'Alger la copie des motifs et du dispositif du présent arrêt, aux frais des appelants, condamnés aux dommages-intérêts précités, sans que le coût de cet affichage puisse dépasser cinq cents francs; Ordonne que désormais les beurres provenant du commerce de Jean LESCURE fils ne pourront être mis en vente que dans des emballages ayant une longueur de quatre centimètres de plus que ceux de la Laiterie Coopérative, et munis du nom Jean LESCURE, imprimé en caractère obliques de même grandeur pour le nom et le prénom, et suivi en dessous de l'indication très nette « Nouvelle Maison fondée en mil neuf cent trente-deux; Laiterie de Beauregard, près Jonzac »; Ordonne la confiscation et la remise à la Laiterie Coopérative des objets saisis; Condamne enfin BESSE, CABOS et Cie, Jean LESCURE fils et PLACER solidairement à tous les dépens de première » instance et d'appel. (3)
La Laiterie de Beauregard ou Laiterie du Palmier, de Besse-Cabot & Cie est reprise dans les années 1960 par Monsieur Pierre Vézien, fils de Léonce Vézien, dirigeant de la Laiterie fromagerie de Réparsac en Charente (16), connue pour sa marque Grand’Ouche. Cette famille rachètera aussi en Charente-Maritime la Laiterie Lucazeau à Pons (17) et la Laiterie Moderne de Germignac et de la Vallée de la Charente.
Sources : (1) Le Conservateur, 30 juin 1895. (2) Le Journal de Saintonge, 09 octobre 1898. (3) l’Echo d’Alger, 29 janvier 1939
Serge Schéhadé, [Camembert-Museum, le 27 septembre 2021]
Date de dernière mise à jour : 27/09/2021