Rivaud, Laiterie, Fromagerie, Maine-de-Boixe (16)
LAITERIE FROMAGERIE RIVAUD, MAINE-DE-BOIXE (16)
Dans les années 1920, Maine-de-Boixe comptait un peu plus de 200 habitants. Parmi eux, Amédée Rivaud, va épouser Mlle Georgette Michaud. Le couple va s’installer à Maine-de-Boixe, lieu-dit Courreau, dans la ferme appartenant alors à Pierre Rivaud (né en 1868 à Taizé-Aizie, et marié le 20 août 1892, à Mouton, avec Hélène Faury. Le couple donnera naissance à un garçon, René, né le 26 mai 1900. À analyser de plus près les différents recensements de la population, à part l’épicier ou le cantonnier la majorité des habitants étaient des cultivateurs et avaient quelques vaches laitières, d’où abondance du lait.
C’est ainsi que Georgette Rivaud décide de se lancer dans la fabrication de beurre fermier, avec beaucoup de volonté, et une simple baratte en bois installée dans une grange. Son idée est de vendre son beurre à Angoulême toute proche. En 1922, le couple installe une laiterie beurrerie dans la ferme de Célestine Michaud. La fabrication peut se poursuivre dans de meilleures conditions. Le ramassage du lait se fait en voiture à cheval et couvre les communes de Maine-de-Boixe, Mouton, Puyréaux, Luxé et Juillé. A cette époque, la laiterie ramasse et transforme quotidiennement 400 litres de lait destiné uniquement à la fabrication du beurre.
Ce beurre de grande qualité était travaillé manuellement dans des moules en bois. Sur la grosse motte jaune d’or une petite quantité de beurre était prélevée et placée dans le moule. Là, tassé, lissé avec soin, le beurre sortait en plaques de 125 à 250 grammes qui étaient enveloppées dans un papier sulfurisé et conservées au frais à la cave. Le lait écrémé et le babeurre servaient à nourrir les cochons et autres animaux de la ferme.
Deux fois par semaine, les mercredis et samedis, Mme Rivaud se rendait à Angoulême pour vendre son beurre et ses œufs. C’était à cette époque une vraie expédition. Dès six heures du matin, il fallait préparer l’ânesse et l’atteler à la carriole, charger la marchandise, et filer à travers bois par des petits chemins, pour se rendre à la gare de Saint-Amant-de-Boixe, avant 7 heures, heure à laquelle le train partait pour Angoulême. La bête et la carriole étaient gardées par le propriétaire du café de la gare, jusqu’au retour de Mme Rivaud d’Angoulême par le train du soir. Il faut préciser que parfois la bourrique en question refusait de se rendre à la gare, s’arrêtait en plein chemin, il ne restait alors rien d’autre à faire que d’entendre siffler le train et rebrousser chemin.
Au Marché d’Angoulême, Georgette Rivaud avait une employée Mme Jeannot, qui continuait la vente les autres jours. La motte de beurre était détaillée à la demande du client qui pouvait également préférer les plaques de 125 ou 250 grammes. Pour faire face à la concurrence, le beurre était vendu sous deux marques différentes : le « Beurre Rivaud » et le « Beurre des Gourmets ».
Au début des années 1930, Amédée Rivaud va remiser la carriole et sa bourrique têtue, pour un camion Renault flambant neuf. La quantité de lait ramassé passe à 2000 litres jour en moyenne. Le barattage et le conditionnement s’automatisent. Acquisition en 1937 d’un grand réfrigérateur pour conserver le beurre plus longtemps. La vente se poursuit au marché d’Angoulême. Un véhicule assure la livraison des grossistes et des épiciers de la ville d’Angoulême nombreux à cette époque. La fromagerie obtiendra deux médailles de bronze en 1936 et 1937 pour son beurre extra-fin.
En 1938, au Concours Général Agricole de Paris, un diplôme de médaille d’argent Grand Module est attribué à la laiterie industrielle Rivaud à Maine-de-Boixe. C’est la reconnaissance de la qualité et du savoir-faire au niveau national. Pendant les années de guerre et d’occupation, l’essence se fait rare. Le cheval de l’écurie reprend du service. Le lait est contingenté ; de nombreuses vaches sont réquisitionnées et menées aux abattoirs pour nourrir la troupe. Les quantités ramassées ne dépassent plus 1000 litres de lait par jour.
En 1947, la laiterie familiale devient une Société à Responsabilité Limitée (SARL). Les premiers fromages sortent d’usine. 1500 litres de lait de vache et 100 litres de lait de chèvre sont collectés chaque jour. La production va s’accroître au cours des années suivantes, en particulier pour la fabrication des fromages.
En 1961, Amédée Rivaud décède. La SARL est transformée en société anonyme et devient « Rivaud SA ». Georges Rivaud, l’un des fils d’Amédée et Georgette Rivaud, prend la direction de la laiterie, avec comme objectif de diversifier la production. Alfred Rivaud, son frère, qui était aussi maire de Maine-de-Boixe va participer pendant de longues années à la gestion de la laiterie et ce jusqu’à sa retraite.
Production et Marques : Fromage CABRETTE au lait de chèvre, 45 pct de matière grasse. Fromage mi-chèvre MON PRÉFÉRÉ. Fromage véritable carré de l’Ouest LE VIEUX MANOIR. Fromage LE BON FERMIER au pur lait de chèvre, Saint-paulin LE BON PÂTRE, spécialité du Mont des Buis. LE BOIXE, fromage spécialité du TERROIR, Saint-paulin LE CONQUÉRANT, Saint-Paulin LE VIEUX MANOIR, fromage à 20 pct de matière grasse FROMAIGRE, fromage 15 pct de matière grasse REGILIGNE
En 2003, la Laiterie Onetik, située à Macaye, près de Bayonne, va racheter la fromagerie Georges Rivaud, afin de compléter sa gamme de fromages. Le directeur, M. Xavier Maurance, expliquait que le capital de la société Onetik était aux mains de producteurs rassemblés dans la coopérative Berria et que 15 pct était détenu par la société agroalimentaire basque espagnole Iparlat. La marque Les Biquettes sera quand même déposée le 07 octobre 2004 à l’INPI Paris par la SAS Georges Rivaud Tradition.
Sources : Nos Remerciements à Mme Selas pour les nombreuses informations recueillies auprès de la famille Rivaud.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 11 avril 2022]
Date de dernière mise à jour : 12/04/2022