MARY Simon (Fromagerie Trémont-Sur-Saulx 55)

Mary Simon 8 (Tremont-s-Saulx fromagerie)

FROMAGERIE MARY SIMON [TRÉMONT-SUR-SAULX, 55] par Serge Schéhadé.

En ce début du 20ème siècle, la commune de Trémont, compte environ 600 habitants. Elle est située dans la vallée de la Saulx, à une dizaine de kilomètres de Bar-le-Duc. C’est ici qu’en 1868, Monsieur Émile Auguste Fondeux (1) et son épouse, née Marie Mallet vont créer une laiterie, pour le ramassage du lait et la fabrication de beurres et de fromages.

En 1888, son fils, Ernest Fondeux dirige la fromagerie qui collecte 800 litres de lait en moyenne par jour, avec des variations importantes selon les saisons. Le lait est principalement transformé en fromages de brie, avec une production annuelle estimée de 50 tonnes, vendus à un prix moyen de 1,10 francs le kilo, sur les marchés de Nancy, Bar-le-Duc, Épernay, Bourg-en-Bresse (Ain), sur le marché Parisien, et même parfois en Belgique. La laiterie Fondeux produit 400 kilos de beurre par an. Ernest Fondeux était aussi en 1905, le Président de la Société de Tir « La Patriote de la Saulx » Émile en était le secrétaire.

En 1909, Ernest Fondeux décède. Ainsi peut-on lire dans la presse locale : Obsèques à Trémont. — On vient de célébrer à Trémont les obsèques de M. Ernest Fondeux, maire et industriel. Nombreux étaient ceux ayant tenu à apporter au regretté disparu et à sa famille éplorée un précieux témoignage d'estime et de sympathie, aussi le cortège qui accompagna M. Fondeux à sa dernière demeure, fut-il un des plus impressionnants. Au cimetière, ont successivement pris la parole MM. Mélignon, au nom du conseil municipal ; Rogier, maire de Robert-Espagne, et Chevalier, conseiller général.

C’est Émile Fondeux (2), le fils d’Ernest qui va succéder à son père. Son épouse était de la famille Thomassin. Il avait aussi un commerce de vins à Trémont où il est déclaré en faillite le 15 février 1897 (Réf Archives Commerciales de France). Mais n’ayant pas de successeur, il cède l’affaire au début du XXème siècle à M. Simon MARY. Émile Fondeux va décéder à Trémont en 1933, à l’age de 77 ans, cet ancien industriel, était aussi délégué cantonal, officier d’académie, et Chevalier du Mérite Agricole.

LA FAMILLE MARY :  Simon MARY est né en 1890, à Gondrecourt-Le-Château. Il est le fils d’Albert MARY, boucher à Gondrecourt et de Humblot Marie-Céline. Sa sœur Simone est née en 1888. La famille MARY vit à Gondrecourt en 1891. Simon MARY est marié avec Georgette DOUCET, née en 1891 à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), qui s’occupait du côté administratif et de la comptabilité. Naissance en 1921 de leur fille Paulette à Trémont. En 1926, Doucet Mathilde, sa belle-mère, née en 1868, vivait à Trémont avec le couple. Monsieur MARY, industriel fromager, fabricant de fromages dirigeait deux fromageries dans la Meuse : La Fromagerie de Trémont-sur-Saulx entre 1921 et 1930 (3) et la Fromagerie de Saint-Maurice-Sous-les-Côtes.

Mary55-01nv (Trémont Saulx) Mary55-03nv (Tremont saulx) Mary55-06nv (Tremont saulx)

Mary55-20nv (Trémont-sur-Saulx) Mary55-25nv (Trémont-sur-Saulx)

En 1930, M. Simon MARY de Trémont fait partie du conseil d’administration de la société nouvellement créée « Omnium du Lait et de ses Dérivés » dont le siège social était rue de la Poterie à Paris. Parmi les autres actionnaires de la Meuse on peut citer Robert Brion et Léon Loenvenbruck, industriel à Dieue. En 1931, lors de travaux effectués sur la propriété de Monsieur MARY, à Trémont-sur-Saulx, des ouvriers découvrirent un sarcophage en pierre dans lequel se trouvait un squelette d’adulte et deux enfants. Très intéressé par cette découverte, Monsieur MARY fit immédiatement cesser les fouilles, et alla prévenir la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc. Quand les fouilles continuèrent, on se trouva en présence d’un véritable cimetière, renfermant de nombreux sarcophages datant approximativement du Vème siècle, ce qui explique le thème de l'étiquette du centurion romain, choisi par Monsieur MARY..

En 1932, un certain Monsieur Andrieux était garde-chasse au service de Monsieur Mary à Trémont. Un jour il oublia de détendre ses pièges et un chien appartenant à M. Paul Vincent fut pris dans un de ses pièges… d’où plainte à la gendarmerie. Ces petits détails, même s'ils peuvent paraître sans aucun intérêt pour certains, nous éclairent sur la vie au quotidien d'une fromagerie. Le ramassage du lait se faisait sur Trémont et les communes voisines. Le lait transformé servait à fabriquer du beurre, de la crème, des fromages dont le Port-Salut et le gruyère. La fromagerie employait une douzaine de personnes, parmi lesquelles on peut citer en 1939, Jacques Luttique, 21 ans et André Chaudron, 27 ans, qui décidèrent de faire une petite virée nocturne à Bar-le-Duc afin de se distraire un peu… rien de très particulier à cela sauf qu’ils s’y rendirent avec une camionnette appartenant à la fromagerie. Une importante porcherie jouxtait la laiterie, elle pouvait contenir jusqu’à 1000 bêtes. La porcherie fermera bien plus tard que la fromagerie en 1972.

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Photo de M. Edmond Delorme, né en 1906 à Trémont-sur-Saulx, livreur pour les fromageries MARY puis pour la SAFR (Crédit Photo contribution B. Wagner).

À une date encore indéterminée, probablement entre 1931 et 1935, la Fromagerie MARY de Trémont est reprise par la Laiterie des Fermiers Réunis. Au recensement de la population de 1936, le couple MARY habite rue Raymond Poincarré, à Trémont-sur-Saulx, ils ne sont plus patrons travaillant pour leur propre compte mais sont désormais tous les deux employés de la Société Anonyme des Fermiers Réunis (S.A.F.R) qui fermera définitivement la laiterie en 1952, pour des raisons de rentabilité, les petites structures laitières sont alors abandonnées au profit d’usines plus modernes et plus grandes.

SOURCES : (1) Emile-Auguste Fondeux, agriculteur et fabricant de fromages à Trémont (Meuse), créateur d’une importante fromagerie, mise en valeur de terrains incultes, propagateur des nouvelles méthodes agricoles, nombreuses récompenses dans les concours, 30 ans de pratiques agricoles. (2) Émile Albert Fondeux est décédé à Trémont le lundi 18 septembre 1933, à l’âge de 77 ans. Il était délégué cantonal, Officier d’académie et Chevalier du Mérite Agricole. (3) source Bernard Wagner

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, première publication le 29 mars 2021]

 


 

Date de dernière mise à jour : 29/03/2021