Fromageries Edmond Cercet (Orne 61)
FROMAGERIES DE LOUVIÈRES-EN-AUGE & DE MONTREUIL-LA-CAMBE [ORNE 61]
Edmond Cercet, né en 1892, contrairement à beaucoup d’autres fabricants de Pont-l’Evêque, qui étaient normands et bien ancrés à leurs terres et leur région, était lui Parisien d’origine. Il est le fils d’Amand Auguste Cercet et de Berthe Joséphine Moulin, domiciliés 87, rue de la Pointe, à la Garenne-Colombes. Dans son enfance, il habitait la place Pigalle, à Paris. La personne à l’origine de cette information, était très amusée en nous le racontant, faisant de nombreuses allusions au Pigalle d’autrefois. Il apprit le métier d’agriculteur, en se rendant très souvent chez ses grands-parents à la campagne. C’est là aussi qu’il fit la connaissance de sa future épouse, Mlle Henriette Moisson, qu’il épousa le 6 juillet 1914 à Louvières-en-Auge, trois semaines seulement avant le déclenchement de la Grande Guerre.
Engagé volontaire pour 3 ans en juillet 1910. Maréchal des logis le 06 juillet 1913. Rappelé à l’activité en vertu du décret du 02 août 1914, mobilisation générale. Rejoint le 3ème régiment de Hussards le 02 août 1914. Détaché au 1er groupe d’aviation comme élève pilote le 15 août 1916. Obtient son brevet de pilote le 27 novembre 1916. Détaché à l’escadrille 509, armée française d’Orient le 28 janvier 1917. Éloigné de sa bien-aimée, il est blessé dans son avion au-dessus de Constantinople en 1917. Il a la chance de rejoindre son foyer en 1918, mais il a une invalidité à 75 pour cent qui l’empêche de marcher normalement. Le couple donnera naissance à deux filles : Fernande et Simone.
Fernande Cercet épousa Monsieur André Baudot, fromager à Moutiers-En-Auge, et vit de nos jours à Trun, dans l’Orne, tandis que sa sœur Simone vit à Paris.
Madame Fernande Baudot se souvient qu’à son retour de guerre, son père reprit la ferme de ses beaux-parents (23 hectares d’herbages) et se lança dans la fabrication de fromages de Livarot. Ces fromages étaient vendus tous les huit jours à la halle aux fromages, et la famille se déplaçait alors en carriole jusqu’à Livarot distante de 17 kilomètres. Au milieu des années 1920, M. Cercet décide de lancer dans sa ferme, la fabrication de Pont-l’Evêque. Son épouse fera alors un stage chez Monsieur Paul Sanson, de Mesnil-Durand, dans le Calvados, afin de mieux maitriser les techniques de fabrication de ce fromage. Au bout de quelques années, le succès arrive. Edmond Cercet est même récompensé d’une médaille d’or au Concours Général Agricole de Paris en 1929, pour la qualité de son Pont-l’Evêque. Difficile de donner une estimation de la production moyenne journalière, mais nous savons de façon certaine que la laiterie disposait en 1931, du lait de 24 vaches dans la ferme de Louvières-en-Auge, ainsi que du lait acheté à des agriculteurs dans les fermes des alentours
La demande augmentait. Il fallait satisfaire la clientèle. Les locaux de Louvières-en-Auge devenaient au fil du temps, exigus et inadaptés. Monsieur Cercet prit alors la décision de faire construire en 1942, une fromagerie, son « USINE » comme il aimait à le répéter à son entourage, à Montreuil-la-Cambe (Orne). Elle comprenait un atelier de fabrication, un logement patronal à un étage carré, surmonté d’un étage de comble, d’une cantine attenante au logement, d’une étable à chevaux, d’une porcherie, ainsi que d’une cour, et d’un quai pour réceptionner le lait qui était ramassé tous les matins en camionnette chez les producteurs de la région. Fabrication aussi de cidre comme dans de nombreuses fermes normandes.
À noter que bien avant la construction de son usine, de Montreuil-la-Cambe, Monsieur Cercet était propriétaire d’une ferme avec herbages sur cette commune comme en témoigne cette nouvelle rapportée par un journal local en 1932 : « Vol avec Effraction à Montreuil-la-Cambe : M. Geslin Arsène, 28 ans, domestique chez M. Cercet, s'était rendu chez lui le 8 décembre (1932), pour étendre du fumier dans les herbages environnants. Il s'aperçut qu'un carreau de la fenêtre donnant sur le pré, avait été brisé et des traces de pas se trouvaient près de la fenêtre. La maison avait reçu la visite d'un cambrioleur qui s'était emparé d'un porte-monnaie placé dans le tiroir d'une table et dans lequel se trouvait une somme de 55 francs. Il manquait aussi une chaîne de montre en argent, deux paquets de tabac et un demi-paquet de … Le montant du vol est de 90 francs. M. Geslin a porté plainte contre inconnu ».
Le 25 août 1935, des élections municipales complémentaires avaient lieu à Montreuil-la-Cambe, pour la désignation de deux conseillers municipaux. Le nombre de votants étaient de 35, les suffrages exprimés étaient de 35, Majorité absolue 18. M. Cercet Edmond cultivateur, obtenait 18 voix et était élu dès le premier tour. En 1939, Edmond Cercet, était le Maire de Montreuil-la-Cambe, il était promu Chevalier du Mérite Agricole. L’expansion de la fromagerie se poursuivit jusqu’au décès d’Edmond Cercet en 1959.
DÉPÔTS DE MARQUE : Pont-l'Evêque marque "LA CAMBETTE" déposée le 04 juin 1925, au Greffe du Tribunal de Commerce de Vimoutiers, par M. Cercet Edmond, résidant à Louvières-en-Auge.
(INFORMATIONS RECUEILLIES AUPRÈS DE LA FAMILLE CERCET PAR SERGE SCHÉHADÉ, REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION PREALABLE).
Date de dernière mise à jour : 20/03/2021