Baron Henri, Fromagerie de Derval (44)
HENRI BARON, FROMAGERIE DE DERVAL [44]
Construit au XVIe siècle sous la commande de Jean de Beaulieu, le Château de la Haye a vu se succéder en son domaine plusieurs familles de la noblesse française avant d'être acheté en 1927 par un industriel laitier, M. Henri Baron, à son futur beau-père, Jean-Marie Ledoux. Le château est vendu en 1953 et transformé en juvénat. Lors de la seconde guerre mondiale, les stocks d’épiceries de M Baron furent réquisitionnées par l’armée allemande. Un petit retour en arrière en quelques dates :
1899 (6 septembre) Naissance de Henri Baron à Derval.
1928 (22 juin) Henri Baron épouse Odette Suzanne Marie Françoise Ledoux (1910-1995). Le couple aura 4 enfants.
1938 & 1939 RÉCOMPENSES : Camembert, diplôme de 2ème médaille d’argent au Concours Général Agricole de Paris.1942 (Annonce dans le journal l’Ouest-Éclair) À louer région de Châteaubriant, ensemble ou séparément, deux très bonnes fermes, 35ha chacune, demi-fruits, cheptel, matériel, ensouchements fournis par propriétaire. Libre après accord. Écrire à H. Baron, La Haye, Derval (Loire-Inférieure).
1944 (12 avril) Décès de M. Henri Baron. Il faut dire que Monsieur Baron n'est pas mort d'une mort naturelle, mais qu'il a été assassiné par des bandits qui s'étaient introduits chez lui, sans qu'ils ne soient jamais démasqués. Le lendemain, 13 avril, un journal local écrivait : La commune de Derval, si paisible d'ordinaire, vient d'être le théâtre à deux reprises en un mois d'intervalle de deux scènes de banditisme commises sur la même personne par un groupe d'individus masqués et armés. LA VICTIME : Celui qui est tombé sous les balles des terroristes était un gros propriétaire de Derval, M. Henri Baron, 47 ans, issu de commerçants du pays, marié avec une demoiselle Ledoux, fille de l'ancien maire et conseiller général de la commune, père de trois enfants. Il demeurait au château de la Haye, situé à 800 mètres du bourg sur la route de Nantes. Ancien épicier en gros, M. Henri Baron avait monté une laiterie-fromagerie de plus en plus prospère. Elle était, d'ailleurs, en cours d'agrandissement. De nombreux jeunes gens du pays y étaient employés, avec plus de quarante chauffeurs de voitures et ramasseurs de lait. LE PREMIER ATTENTAT NOCTURNE : Dans la nuit du 8 au 9 mars dernier, 13 à 15 individus masqués, armés de pistolets et de mitraillettes, faisaient irruption au château de la Haye après avoir pris la précaution de couper les fils téléphoniques extérieurs. Sous la menace des armes à feu, M. et Mme Baron furent ligotés. On leur banda les yeux. Puis le pillage commença, dans les circonstances que nous avons relatées à l'époque. Des titres étrangers représentant une valeur de trois millions furent brûlés.
LE MEURTRE : depuis cet attentat le bruit courut dans le pays que M. Baron, qui possédait en plusieurs exemplaires le numéro des titres brûlés chez lui, allait les récupérer. Est-ce là le motif qui incita les bandits (sans doute ceux qui avaient signalé leur activité dans la nuit du 8 au 9 mars) à revenir au château de la Haye. C'est possible. Ce qui est certain c'est qu'hier, à 2 heures du matin, trente à trente-cinq individus ayant un mouchoir sur la figure à l'exception d'un seul, firent irruption dans la chambre de M. Baron et l'emmenèrent de force devant la porte de la laiterie donnant route de Nantes. Les bandits pénétrèrent à l'intérieur et, pendant deux heures, s'efforcèrent de défoncer le coffre-fort mais en vain. De rage, à 4 heures du matin ils déchargèrent des rafales de mitraillettes derrière la tête et dans le dos du laitier qui s'effondra. Tandis que la plupart des bandits repartaient à bicyclettes comme ils étaient venus, quatre ou cinq chargeaient l'auto de M. Baron de beurre et partaient pendant que d'autres hommes restaient sur les lieux, empêchant, sous menace de mort, le directeur de la laiterie, qui habitait une maison voisine, de donner l'alarme. Puis ils déposèrent à l'intérieur de la laiterie des explosifs afin de la faire sauter. À 7 heures, le premier ouvrier arrivé sur les lieux découvrait le cadavre de son patron et alertait la gendarmerie qui vint faire les constatations et commença les recherches.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, première publication, le 08 octobre, 2019]
Date de dernière mise à jour : 28/04/2021