Laiterie Coopérative du Mazeau (85)
Laiterie Coopérative du Mazeau. [le Mazeau 85]
La Coopérative du Mazeau était située dans le sud du marais Vendéen, à proximité de la rigole de la Sèvre, et à un kilomètre du bourg du Mazeau, à l’emplacement d’un atelier de noir animal, construit à l’initiative de M. Moreau, qui travaillait en liaison avec une usine de teinture de Nantes. Suite au décès de Monsieur Moreau en 1886, les bâtiments seront vendus à un certain Monsieur Riou, qui va y installer une beurrerie industrielle. Quelques années plus tard, le 9 novembre 1891, création de la Coopérative du Mazeau qui devient la deuxième Coopérative laitière de la Vendée après celle de Damvix.
Les premiers bâtiments datent de 1891. Ils étaient situés dans le bas, près du canal qui longe la rigole. Les murs étaient en moellon, les crépis de couleur brique, la toiture était recouverte d’ardoise, et une grande cheminée en briques rouges dominait les ateliers de fabrication. Côté nord, au niveau supérieur, dans une cour, se trouvait un quai pour le dépotage des bidons. D’un côté du quai se trouvait la comptabilité et les bureaux et de l’autre un laboratoire d’analyses du lait. Sur le fronton en béton du quai figurait l’inscription suivante : «Laiterie Coopérative le Mazeau».
Comme pour toute société, la coopérative éditait en 1902, un petit livret comprenant ses statuts en 29 articles. En voici un petit résumé que nous ne détaillerons pas pour le moment : En relatant les statuts (art 1,2,3) Administration et fonctionnement de la société (art 4,5,6,7,8,9,10,11,12,13) Obligations des associés (art 14,15,16) Charges de la société (art 17) Paiement du prix du lait (art 18) Assemblées générales (19,20,21) Décès, Départ, Démission (art 22) Dissolution (art 23,24) Exclusion d’un membre procédure (art 25,26) Prise d’échantillons (art 27,28) Conservation du lait (art 29).
Dès sa création, cette laiterie avait une vocation beurrière. En 1934, elle était adhérente à l’Association Centrale de Laiterie pour son beurre Charentes-Poitou. Cette association regroupait déjà à l’époque 140 usines, 81000 sociétaires, et cette devise « Rien ne remplace le beurre, le meilleur est celui des Charentes et du Poitou ». Dans les années 1940 (Entre 1946-1949), une nouvelle usine est construite volontairement à flanc de coteau au dessus de la première, afin que, profitant de la pente le lait réceptionné tombe directement dans deux grands bacs situés en contrebas dans la salle d’écrémage. Au même niveau se trouvaient aussi la beurrerie, les frigos, et les salles de fabrication de caséine et de poudre de lait. Le logement du directeur se situait près de l’usine à côté de la chaufferie et de la réserve de fuel, où deux chaudières alimentaient l’usine en vapeur. Plus tard, un hangar fut construit pour le stockage des sacs de poudre de lait et les expéditions.Côté sud, était installé un atelier de fabrication et un séchoir de caséine doté de six cuves de caillage.
Les anciens bâtiments seront détruits. Dotée d’un bon matériel performant et moderne pour l’époque, l’usine continue à fabriquer dans des barattes en bois du beurre de table doux, extra fin, avec des malaxeurs en bois on produisait un beurre malaxé demi-sel, et enfin une empaqueteuse manuelle formait des plaquettes de beurre de 250 grs emballées dans un papier argenté, et des plaquettes de beurre de 500grs emballées dans un papier sulfurisé. Parmi les autres productions de l’usine on peut citer un fromage type pain milan, du caillé de lait de chèvre congelé, du lacto sérum en poudre, de la caséine, du lait en poudre entier ou écrémé, vendu dans de grands sacs de 25 kilos ou des sachets de 5 kilos. Tout au long de son activité, des médailles viendront récompenser la qualité des produits finis comme ces trois médailles de bronze, pour son beurre Extra-Fin, au Concours Général Agricole de Paris en 1923, 1926, 1928 , quatre médailles d'argent en 1925, 1929, 1930 & 1932 et trois médailles d’Or, toujours à Paris, en 1927, 1937, 1938.
La Coopérative du Mazeau employait trente personnes dont des ouvriers pour la fabrication, des employés pour l’entretien de l’usine, ainsi que du personnel de bureaux. Un directeur dirigeait l’usine qui était contrôlée par un président et des administrateurs qui se réunissaient au sein même de l’entreprise. Parmi les dirigeants citons M. Paul Paitreau (président jusqu’en 1971), suivi de M. Paul Renoux. Les directeurs : Monsieur Charriau, Monsieur Gautier. M. (1945-1969), Monsieur Pizon. H. et enfin Monsieur Michaud, avant de tomber sous le contrôle de l’UCAL et sa fermeture définitive le 1er octobre 1976.
Le lecteur aura remarqué que nous ne citons jamais les ramasseurs de lait parmi le personnel de l’usine pour la simple raison que les ramasseurs étaient indépendants et ne faisaient pas partie de l’effectif. Au départ, le lait était ramassé en bidons de 125 et 150 litres, en charrettes à cheval, et même par une charrette tirée par un bœuf sur la tournée du Coudreau dans les années 1950. Des tournées avec de petites barques chargées de bidons de 80 litres existaient aussi, et livraient le lait en bas de l’usine. Le secteur de collecte comprenait les communes suivantes : Le Mazeau, Nessier, la Sèvre, Sainte-Christine, Saint-Sigismond, Anchais, le Coudreau, Bouillé-Courdault, Benet, Damvix, Arçais, Reth, Maillé, Vix, ainsi que Taugon et Benon en Charente-Maritime. À titre indicatif, en 1967, la Coopérative du Mazeau a collecté 6.426.803 litres de lait de vache.
Pour la petite histoire, il est à noter que la Coopérative du Mazeau accueillait dans les années 1950, le 18ème Congrès de l’Association des Laiteries, avec une cinquantaine de directeurs qui y participaient. Pour conclure, malgré tous les regroupements dans le secteur laitier, Le Mazeau est resté en activité pendant 85 ans. Et, en plus d’un siècle, notre marais poitevin aura vu naître, grandir et disparaître son patrimoine laitier qui en faisait sa richesse et sa réputation.
Marcel Gousseau [ancien stagiaire et ouvrier de cette usine, ancien élève de l’E.N.I.L.]
Date de dernière mise à jour : 13/03/2020