Laiterie Coopérative d'Aigrefeuille d'Aunis (17)
LAITERIE COOPÉRATIVE D'AIGREFEUILLE-D'AUNIS (17)
Aigrefeuille-d'Aunis , un peu d’histoire : En 1876, la commune d’Aigrefeuille comptait 1881 habitants. Cette même année, la Charente-Inférieure, second département viticole Français, voyait disparaître son vignoble, subissant le fléau du phylloxéra. Ceci va entraîner une profonde transformation de l'agriculture ; l'élevage bovin et la culture des céréales remplaçant le vignoble. Cette nouvelle activité va contribuer au développement de l'industrie laitière. La Laiterie Coopérative d'Aigrefeuille est créée. Elle connaîtra un grand succès pendant presque un siècle, grâce à la qualité de ses beurres et fromages.
La Laiterie Coopérative d’Aigrefeuille-d’Aunis est fondée en 1890. Le lait était ramassé dans des charrettes à deux roues tirées par un cheval et ce dans un rayon de huit kilomètres autour d’Aigrefeuille. La fabrication principale était le beurre. Des travaux d’agrandissement sont entrepris en 1898. Une porcherie est construite en 1899. De nouveaux travaux sont effectués en 1906. La laiterie employait cinq personnes au début des années 1920.
Grâce à l’activité et à l’intelligence de son Conseil d’Administration, présidé par Monsieur Jules Bonnin, la Beurrerie Coopérative d’Aigrefeuille, organisait en 1925 comme depuis plusieurs années , un concours beurrier entre ses adhérents. Cette année-là, le concours disposait d’une somme de 2500 francs, dont 1500 francs votés par le conseil d’administration, et mille francs offerts par l’office agricole de la Charente-Maritime. Parmi les sociétaires récompensés on peut citer les noms de (1) M. Pavergne Edmond, récompensé pour une vache ayant produit 178,62 kilos de matière grasse avec 3975 litres de lait, soit une moyenne de 44,93 grammes par litre. (2) M. Paillé Émile de Forges, pour une vache ayant produit 175,95 kilos de matière grasse avec 3885 litres de lait, soit une moyenne de 45,27 grammes par litre, (3) M. Lacellerie Alexis d’Aigrefeuille, pour une vache ayant produit 175,185 kilos de matière grasse avec 3555 litres de lait, soit une moyenne de 49,27 grammes par litre. (4) M. Gauthier Auguste de Puyvineux, pour une vache ayant produit 160,035 kilos de matière grasse avec 3480 litres de lait soit une moyenne de 45,99 grammes par litre. (5) Mme Veuve Gautron Auguste pour une vache ayant produit 156,465 kilos de matière grasse avec 3705 litres de lait, soit une moyenne de 42,23 grammes par litre. Il était demandé aussi aux sociétaires de signaler leurs meilleures vaches pour la continuation du Concours Beurrier et surtout afin que leurs veaux soient préservés. Cette même année, une caséinerie est construite.
Dans les années 1930, le besoin d'innover et de se diversifier se fait sentir. La décision est prise de se lancer dans la fabrication du Cantal. Le succès de ce nouveau produit étranger à la région ne sera pas un grand succès. Les bâtiments des débuts comprenaient des logements jumelés en moellon enduit, à un étage carré, couverts d' un toit en tuile mécanique, un quai de réception, un bureau et un atelier de fabrication en pan de métal et béton armé, à un étage carré, le toit est couvert en tuile creuse. Garage en pan de métal et brique, en rez-de-chaussée, avec toit en tuile mécanique, chaufferie et magasin en béton armé en rez-de-chaussée, couvert d’un toit en tuile mécanique. Ces bâtiments vétustes ne répondant plus aux besoins d'expansion de la laiterie coopérative, le conseil d'administration envisage en 1939 de tout raser et reconstruire. Le début de la guerre va cependant retarder le projet.
En ces années 1930, grand nombre de laiteries coopératives sont aussi confrontées à des problèmes liés aux impôts et à l’administration fiscale, des problèmes qu’elles n’avaient jamais connues auparavant comme le paiement de la patente, de l’impôt foncier pour les bâtiments affectés à l’usage de la coopérative, l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, ainsi que la taxe sur le chiffre d’affaire. Des poursuites sont engagées contre certaines laiteries coopératives, tout cela s’expliquant par les contradictions de la jurisprudence en la matière. En janvier 1938, deux ministres du gouvernement M. Fernand Chapsal (ministre du commerce) et William Bertrand assistent à la manifestation agricole d’Aigrefeuille. Ils seront reçus par le maire et ses adjoints et puis dans l’après-midi à la fin du banquet ils visiteront la Laiterie Coopérative où ils sont reçus par Monsieur Millet, Président du Conseil d’Administration et par Monsieur Nouzille, directeur de la laiterie.
À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le bourg d'Aigrefeuille-d'Aunis est considérablement endommagé. Ses moulins, sa laiterie coopérative sa distillerie de betteraves sont fortement endommagés ou détruits. Les voies de communication comme les ponts au-dessus des voies ferrées et le secteur de la gare, routes, réseau électrique, sont aussi endommagés. Les jeunes gens démobilisés retrouvent leurs exploitations et leurs familles. La production laitière, vue l’état des troupeaux est en forte baisse. En 1948, le président avec son conseil d’administration et l’accord des sociétaires décident de reconstruire l’usine en l’équipant d’un outillage des plus modernes. Une importante porcherie est aussi construite. La collecte de la matière première augmente permettant ainsi la fabrication du beurre des fromages et de la caséine. Du lait en bouteille est vendu dans les environs de La Rochelle ainsi que du yaourt. En 1958, de nouveaux travaux dans les ateliers sont entrepris ainsi que l’achat de matériels plus performants. Dans les années 1960-70, la Laiterie d’Aigrefeuille adhère à l’Union Coopérative Laitière d’Aunis, basée à Surgères. Les laiteries les plus fragilisées depuis la guerre ne survivront pas aux restrictions imposées par l’Union Européenne et Aigrefeuille malgré une rentabilité plus que correcte fermera ses portes au profit de Surgères en 1981.
Sources : Archives et presse écrite.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, première édition le 11 septembre 2021]
Date de dernière mise à jour : 11/09/2021