Tessier Louis (Laiterie, Fromagerie de Gadon 49)
LAITERIE FROMAGERIE DU DOMAINE DE GADON [LE VIEIL-BAUGÉ 49L]
BIOGRAPHIE LOUIS TESSIER : Louis Tessier est né le 20 décembre 1883, à Baugé. Il est le fils de Louis Tessier (1844-1913) et de Véronique Goulet (1847-1886). Marié le 23 avril 1910 à Pontigné, avec Mlle Marie Bineau. Le couple donne naissance à cinq enfants: Marie en 1911, Louis en 1912, Madeleine (1) en 1916, Georges en 1918 et Odile. En 1922, Louis Tessier est élu Conseiller d’arrondissement, et en 1926, Conseiller Général, tendance Radical Socialiste, en remplacement de M. GEORGES décédé. Il occupera ce poste jusqu’en 1940. M. Tessier décéde le 23 février 1943, à Angers. C’est son épouse qui va assurer pendant un peu plus d’un an la bonne marche des deux usines, avant que deux de ses garçons Georges et Louis ne prennent la relève.
FROMAGERIE DU VIEIL-BAUGE : En ce début du 20ème siècle, la laiterie du domaine de Gadon près de Baugé, est l’une des plus importantes du département du Maine-et-Loire. Fondée en 1907, elle est rachetée en 1909, par Monsieur Louis Tessier. Les quantités de lait traitées quotidiennement avoisinent les 20 000 litres, qui servent à la fabrication du beurre et du camembert. Le lait écrémé sert à la fabrication de la caséine ou alors il est retourné aux producteurs de lait. Le sérum produit sert à alimenter les porcs dans deux porcheries annexes à la fromagerie. La collecte du lait chez les cultivateurs se faisait tous les matins dans un rayon de douze à quinze kilomètres au moyen de voitures hippomobiles ou de camions automobiles.
Monsieur Tessier, cet industriel laitier, comme il se décrivait, aimait toujours être à la pointe des derniers perfectionnements techniques, et avait équipé son usine d’une machine frigorifique pour le travail de préparation et de conservation du beurre pendant l’été. Les ouvriers de la laiterie étaient pour la plupart d’entre eux, logés et nourris sur place. Ce métier contraignant, fait que les ouvriers changent souvent d’emploi et nous le constatons par de multiples annonces dans la presse locale comme en 1922, où M. Tessier est à la recherche de deux employés : Le premier pour la fabrication du camembert et le deuxième pour le service de la porcherie.
La marque de camembert « Les Prélats » avait acquis une très bonne réputation sur les marchés et se vendait si bien, que Monsieur Tessier avait parfois du mal à satisfaire toutes les demandes de ses clients. La laiterie disposait d’un dépôt de lait au 60, rue Volney à Angers, ainsi qu’une autre adresse, au 29, rue Chèvre, téléphone : 875032 et 33 , bureaux et magasin où l’on pouvait s’approvisionner en camemberts de la marque « Les Prélats ». A signaler que cette adresse était dans les années 1950, le siège de l’Union Laitière de l’Anjou, que Louis Tessier présidait, avec M. Gallais de Montfaucon-sur-Moine, qui en était le vice-président.
L’ARTICLE DE PRESSE : Monsieur Tessier a lui-même écrit un article sur l’industrie laitière en Anjou pour le compte de l’Illustration Économique et Financière, dans son supplément au numéro du 09 mai 1925, que nous reproduisons intégralement.
« L’industrie Laitière occupe une place très importante dans notre département. Tandis que les arrondissements de Cholet et Segré sont plutôt des régions d’élevage, l’arrondissement de Baugé et le nord de l’arrondissement de Saumur forment le principal centre de production du lait. Une dizaine de laiteries, tant industrielles que coopératives, situées dans ce rayon, traitent journellement plus de 100 000 litres de lait qui sont transformés en beurre et camembert. Ces usines, installées d’une façon moderne, fabriquent des beurres, rivalisant avec les beurreries des Deux-Sèvres, et des camemberts qui se sont acquis une place prépondérante sur les marchés. Le petit lait est retourné aux fournisseurs de lait ou employé à la fabrication de la caséine. Le développement de l’industrie laitière a grandement contribué à la prospérité de la région. Le lait est payé tous les quinze jours aux cultivateurs, suivant les cours du beurre. Les prix ont encouragé ces derniers à augmenter la production du lait qui est, à l’heure actuelle, celle qui offre le moins d’aléas en agriculture et qui ne peut manquer de rester très florissante en raison de l’impossibilité d’importation des beurres étrangers. D’un autre côté, le cultivateur n’a plus à s’occuper de l’écrémage et de la fabrication du beurre à la ferme, puisqu’il n’a plus qu’à livrer le lait tous les matins aux voitures de ramassage de la laiterie, d’où une économie de main-d’œuvre qui n’est pas à dédaigner. Le consommateur y trouve également son avantage, car il peut, maintenant, se procurer des beurres supérieurs qu’il ne pouvait se procurer avant l’apparition des laiteries.
En résumé, le département de Maine-et-Loire occupe un rang très honorable au point de vue industrie laitière, et il est à souhaiter que cette industrie se développe toujours d’avantage, de façon à encourager les cultivateurs à augmenter la production de lait. (Signé Louis Tessier, industriel laitier).
LES PRÉLATS SE PRÉLASSENT (2) : Les prélats sont apparus sur nos étiquettes au tout début des années 30. Confortablement installés à table, nos deux compères y partagent en toute convivialité les fruits, le pain, le fromage et le vin. On remarquera à cet égard que sur toutes ces étiquettes le vin est omniprésent. Pour faire plus chic, la bouteille s'y couche parfois dans un panier verseur, elle finira par disparaître dans les toutes dernières éditions, mais les verres seront toujours remplis du divin nectar, heureuse époque.
Récompensée en 1932, 1935 (hors concours en 1937) récompensée de nouveau en 1951, la fromagerie Louis Tessier restera fidèle à ses deux figures emblématiques ainsi qu'à une fabrication exclusivement angevine, que ce soit à Baugé puis à Cornillé-les-Caves toujours dans le Maine et Loire. La teneur en matière grasse de son fromage accompagnera les contraintes du temps, passant de 30, 35,40 puis enfin 45%, son Coulommiers titrera 40 puis 50%. Le syndicat, d'abord représenté par un simple tampon (ajouté peut-être sur une étiquette antérieure qui n'en possédait pas) prit rapidement sa forme définitive avant de disparaître.
Cependant nos héros n'en continueront pas moins à savourer leur fromage dans un décor qui ne subira au fil du temps que très peu de modifications. Le mobilier sera renouvelé plusieurs fois, ainsi que la nappe cela va sans dire. Le papier peint sera remplacé par du lambris, le paysage encadré, se fera de plus en plus discret, l'erreur de perspective de la table des premières étiquettes se réglera au gré des nouveaux dessins, mais jusqu'au bout, le plus jeune de nos prélats reposera ses pieds sur un coussin à l'aspect moelleux. L'histoire ne nous dit pas si son compère profite du même avantage ! Toujours est-il que ce dernier restera seul en scène et sans décor dans les toutes dernières étiquettes, proposant son fromage à la cantonade ou à un convive situé hors cadre.
Hormis celles de la Vache qui Rit, du camembert Lepetit ou encore du Président, peu d'étiquettes auront connu une telle longévité. Durant ces longues années de production, près de dix imprimeurs auront travaillé à l'impression de ces étiquettes. Comme on l'a vu, le modèle primitif a certes évolué mais est resté dans une large mesure très proche de la création d'origine. Avant de revenir et de rester définitivement fidèle à l'Imprimerie Garnaud, nos compères auront mis à contribution tout d'abord Grange à Paris, située alors au 141 rue de Vanves et qui fut vraisemblablement le créateur de cette étiquette bien dans son style. (La plus ancienne n'est pas signée mais montre un dessin identique). Puis dans le désordre, on peut citer Jombart Frères installés à Lille et à Paris, Jombart à Asnières, Prot Frères à Reims, Oberthur situé à Rennes et à Paris, Charles Garciau à Nantes, l'imprimerie H. Garnaud et Fils à Angoulême, l'Imprimerie Moderne à Nantes et Paris et enfin Mazerand Cirey à Paris, qui curieusement, indique sur son étiquette qu'il s'agit d'une création, étiquette indiquant pourtant une récompense acquise en 1951. La longévité de nos dignitaires et de leur appétissante collation a fait au fil du temps bien des émules dans les monastères et les abbayes. On a vu ainsi apparaître autour d'une table dressée des capucins par deux, puis par trois, sur une autre deux autres moines bientôt rejoints là aussi par un troisième larron sans oublier les bons pères festoyant de même. Tous copieront en tout bien tout honneur et à l'avantage des collectionneurs l'exemple venu de leurs pontifes.
Date de dernière mise à jour : 05/02/2020