Briand Charles Eugène (Ticheville)
Charles-Eugène Briand, Ferme du Chalet, Ponchardon-Ticheville (Orne 61)
Charles-Eugène Briand est né le 13/10/ 1810 à Paris. Il décède le 12/03/1888 à Pontchardon (61). Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise Paris (20ème), "tombe Briand". Son épouse Sophie Séraphine Richard est née le 1/08/1819 et elle est décédée le 29/04/1843 à Paris. Ils se sont mariés le 22/05/1838. De cette union naissent trois enfants : Marie, Alice (1839), Edmée, Laure née le 08/01/1841 décédée en 1921 demeurant chez son père, 4 rue de Ponthieu Paris 8ème, mariée le 19/11/1869 à Paris 8eme avec Charles, Louis, Robert Flavigny manufacturier, né à Elbeuf (76) le 7/12/1830 (c’est elle qui héritera de la ferme du chalet) et Louis, Albert (1843/1897).
Charles-Eugène Briand est promu chevalier de la légion d’honneur le 12 août 1868.
Charles-Eugène Briand est propriétaire d’une ferme à Pontchardon qu’il détient de ses parents qu’il exploite avec un fermier depuis 1838. Cette propriété est située au carrefour central du bourg et elle est entourée d’un petit parc et d’un mur longeant la rive gauche de la Touques, cette propriété s’apparente à un petit château en style Mansart. Charles-Eugène Briand étudie à l’école d’agriculture "Augusta Bella" de Grignan (Seine et Oise).
En 1843, il doit repartir à Paris pour gérer ses affaires (peut-être à cause du décès de son épouse âgée de 23 ans) et laisse la ferme à son maître valet, mais cela s’avère être un mauvais choix. Il revient à Pontchardon pour reprendre sa ferme, quelques années plus tard. Charles-Eugène Briand décide alors pour s’agrandir d’acheter en 1854 la ferme attenante à son terrain à Ticheville (61) appartenant à M. Germain Godet. Disposant d’une fortune personnelle, il achète à la suite le 20/05/1872 une autre pièce de terrain plantée d’arbres fruitiers et composée de trois bâtiments toujours sur Ticheville : le premier d’une demeure, cave et écurie, le deuxième d’une cave et le troisième d’un pressoir, charreterie, et grange contenant également un jardin et des pièces d’eau qui en font partie. A l’Est de la propriété se trouve le bief du Fourneau en dérivé de La Touques. Le terrain où coule la Touques sur une longueur de 1,950 mètre est particulièrement humide. Charles-Eugène pense alors à le drainer. Pour cela, dès 1854, il construit "une fabrique de drains". Le drain est un tuyau en terre d’environ 10 à 15 cm de diamètre. Il draine ainsi ses prairies et herbages sur une très large échelle et il en fait en même temps profiter ses voisins le long de la Touques sans rétribution… Charles-Eugène Briand défriche des bruyères et au lieu de les maintenir en labour, il les convertit en pâturages de qualité moyenne. Il exhausse par des terrassements les parties basses, il les couvre de riches composts. Il fixe et redresse le cours de la rivière la Touques et amène par tous les moyens la production du fourrage et de la nourriture du bétail.
Il afferme de nouveaux fermiers M. et Mme Eugène Julien qui le comblent de tous ses espoirs et ceux-ci reprennent l’exploitation en main. M. Julien se consacre exclusivement à l’élevage et l’entretien de la ferme, Mme Julien à l’industrie fromagère. La superficie de l'exploitation est de 58 ha dont 42 en prairies et 16 ha en culture. La commission pour le Concours d'Argentan (61) constate la présence habituelle de 5 chevaux, 50 bêtes à corne, et 18 porcs, soit plus d'une tête de bétail à l'hectare.
L’augmentation de nourriture nécessitée par cet accroissement de cheptel est obtenue à l’aide d’une culture "intensive" grâce aux fumiers. M. et Mme Eugène Julien disposent seulement de 14 ha de terres labourables. La culture, éloignée du corps de ferme sur le plateau à proximité de la route de Vimoutiers (61) est divisée en "quatre saisons" : premièrement des racines fumées : betteraves, carottes 50.000kg ; deuxièmement de l’avoine et orge avec trèfles serrés dans la moitié ; troisièmement des trèfles 8500 kg, vesces (fèves) et pois 6000 kg ; quatrièmement du blé (34 hectolitres) récoltes annuelles. M. Julien a déclaré que ses blés produisent en moyenne de 700 à 800 gerbes. Les récoltes, malgré les mauvais temps sont luxuriantes grâce à la variété des cultures. Les herbages d’excellente qualité (avec le drainage et au bord de la Touques) sont parfaitement tenus, les haies taillées chaque année ;
A la ferme du chalet, la vacherie et les différents produits de la laiterie sont le point vers lequel "tout converge". Charles-Eugène Briand transforme la moitié d’un grand bâtiment en un hâloir et l’autre moitié en "un chalet" pour loger son régisseur. Ce chalet est conçu par l’architecte Gabriel Cordier qui en a construit plusieurs à Trouville (il existe une rue des chalets à Trouville) bien loin de la construction traditionnelle du pays d’Auge.
Dès 1854, le rêve d’Eugène Briand est d’organiser une " fruitière" qui reste en l’état de projet, à cause de mésentente avec les cultivateurs de son voisinage. C’est ainsi qu’en 1861 Charles-Eugène Briand spécialiste la ferme du chalet en production fromagère. Il achète 10 vaches parmi les meilleurs types de la race Cotentine et Augeronne (ancêtre de la vache normande) qui toutes donnent du lait. Elles fournissent dans l’année de 27213 litres de lait, soit 7 litres de lait en moyenne pour tête et par jour. Ce lait sert à fabriquer 8 687 camemberts pendant les quatre derniers mois de l’année. La ferme augmente le nombre de vaches pour obtenir 18 250 camemberts.
En 1863 la production de lait avec 15 vaches est de 44 000 litres de lait soit 8 litres de lait par tête et par jour. La fabrication atteint le chiffre de 13 600 camemberts. La progression semble continuer pour 1864, la laiterie reçoit 95 880 litres de lait sur ce nombre 50 231 litres sont mis à cailler et servent à fabriquer 1713 livarots, 28000 camemberts et 1280 kilogrammes de beurre. Dans le premier cas, les fromages vendus 45 centimes pièce, le lait 25 centimes le litre : dans le second cas les fromages livrés à la vente au prix de 25 centimes et le litre de lait 8 centimes et demi. Pendant l’hiver la fromagerie ne produit que du camembert et pendant l’été uniquement du livarot et du beurre.
La fromagerie et le hâloir réunissent tout ce que la propreté peut exiger, l’intelligence la plus inventrice et une activité sans pareille. Ils peuvent produire en beurre et fromage ; l’eau circule partout en abondance et la ventilation habilement ménagée ne laisse durer aucune odeur. Les barattes mises en mouvement par un "manège à cheval" fonctionnent avec rapidité, lavent le beurre, déversent le petit lait dans un réservoir extérieur (pour l’alimentation des porcs) le "tout" presque sans aide et main d’œuvre.
Charles-Eugène Briand remporte de nombreuses médailles : Concours régional d’Alençon le 27/05/1858 ; espèce porcine ; Races étrangères croisées (mâle et femelle). Concours régional agricole de l’Orne ; le 3/06/1865, médaille d’or pour l’ensemble de son exposition et prime d’honneur pour les productions agricoles. Exposition internationale de fromages à Paris ; 1866,1867 médailles d’or. Ville de Vimoutiers (61) : coupe d’argent pour la fabrication du camembert en 1869.
Date de dernière mise à jour : 09/04/2021