Marais Léon, Duval Oscar & Lucien, fromagerie à Saint-Lambert-sur-Dives (Orne 61)
FROMAGERIE MARAIS LÉON, DUVAL OSCAR, DUVAL LUCIEN [SAINT-LAMBERT-SUR-DIVES 61]
Né à Habloville, Léon MARAIS (1865-1935) s'installe à la fin des années 1800 avec sa femme Louise BASLEY (1865- 1945), originaire d'Ecorches, à Saint Lambert sur Dives dans une ferme au lieu-dit «Le Petit Logis». Cette ferme qui s'organise autour d'une belle maison de maître datant de la fin du XVIIème siècle a longtemps appartenu aux familles de MANNOURY D'AUBRY puis par succession à celle de MAYNARD DE LA VALLETTE, qui en 1860 cède l'ensemble de la propriété à la famille VIEL de Villedieu-lès-Bailleul. Leur fille Léontine naît en 1887 à Coudehard chez sa grand-mère.
Léon Marais figure en tant qu'agriculteur aux recensements de la population de 1901 avec 2 domestiques et de celui de 1906, avec 6 domestiques. Il exploite une cinquantaine d'hectares, et vend les productions de la ferme: cidre, poiré, calvados, blé, sarrasin, avoine, paille.... Il fabrique avec le lait de la ferme des camemberts qui sont vendus sur Paris. Il remporte des prix à différents concours: 1904 médailles d'or à Bordeaux et d'argent à Paris, 1905 une médaille d'or à Paris. Les expéditions de fromages en direction de Paris se faisaient très probablement à partir de la gare d'Argentan vers celle de Vaugirard où elles étaient réceptionnées par des transporteurs parisiens.
Léontine Marais se marie en 1910 avec le premier charretier de la ferme: Oscar Duval (1888-1916), originaire de Chambois. Eux seuls apparaissent lors du recensement de 1911. Un fils Lucien naît en 1911. Mobilisé au 26ème bataillon de chasseurs à pied de Pont-à-Mousson, Oscar Duval est grièvement blessé à Verdun le 7 juillet 1916 lors des combats autour de la batterie de Damloup. Il meurt à Dugny le 10 à l'ambulance 19/6. Il est décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze et médaille militaire. Son corps sera rapatrié en 1920 pour être inhumé à Saint Lambert-sur-Dives.
Léon Marais est fait chevalier du mérite agricole en 1928 par Henri Queuille ministre de l'agriculture.
De 1931 à 1932 Lucien Duval, le petit fils, effectue son service militaire au 5ème régiment du génie à Chartres. Sapeur de deuxième classe il s'y découvre un réel intérêt pour les chemins de fer. Il se marie en mai 1933 et il est fortement incité par un grand-père à la forte personnalité à reprendre au sein de la ferme la fabrication de camemberts. Des étiquettes ont même été imprimées à cet effet. Mais à la suite de la mort de Léon Marais en mai 1935 à Saint Lambert sur Dives, ce projet restera sans suite. Lucien qui rêvait d'un métier dans les chemins de fer, s'engage dans l’armée en 1937. À sa demande, il est versé dans le génie à Versailles considérant que ce choix lui ouvrirait plus facilement les portes d'un emploi dans les chemins de fer. La guerre le surprend avant la fin de son engagement.
Il est fait prisonnier à Rambervillers dans les Vosges le 21 juin 1940. Détenu au stalag XI B dans la région de Hanovre il sera affecté – ironie de l'histoire – dans une beurrerie à Broistedt de novembre 1942 à septembre 1944. Libéré en avril 1945, il rentre à Saint Lambert le 11 mai. Il reprendra ses activités d'agriculteur qu'il poursuivra jusqu'à sa retraite en 1958. Mais il ne produira pas de camembert....et les stocks d'étiquettes resteront inutilisés.....
Sources : archives de la famille Duval, entretiens avec Guy Duval en 2015 et 2016 ;
Gérard Clouet [CAMEMBERT-MUSEUM le 29/10/2016]
Date de dernière mise à jour : 09/03/2020