Pommel, Fromagerie, Gournay-en-Bray (76)
FROMAGERIE POMMEL, GOURNAY-EN-BRAY (76)
CHARLES ÉTIENNE EUGÈNE POMMEL : Il est né le 01 février 1872 à Gournay-en-Bray, Seine-Maritime. Il est le fils de Charles Étienne POMMEL (né en 1834) et de Alexandrine Pélagie Daubermesnil (née en 1839). Il épouse le 30 mai 1908 à Rouen, Marie Berthe Charlotte CANDIEU (1887-1952). Le couple s’installe à Gournay en Seine-Inférieure (76). Étienne Pommel est industriel fromager et le couple a quatre enfants : Roger Étienne Alexandre (1909-1991), Geneviève Marie Thérèse (1912-2013), Jacques Jules Robert (1916-1985), et Marguerite Madeleine Louise (née en 1917). En 1908, M. Pommel est promu officier du Mérite Agricole. Décédé le 05 février 1959 à Gournay-en-Bray (76).
GOURNAY-EN-BRAY : La fromagerie de Gournay-en-Bray est fondée en 1828. Très vite elle va trouver sa voie et se spécialiser dans la fabrication de fromages frais à la crème comme les Suisses, Petits-Suisses, Carrés, double-Crèmes, Croissants, Gournay, Neufchâtel et le fromage de foin. La vedette reste cependant le Petit Suisse, conditionné sous forme de cylindre par Étienne Pommel. Ce fromage frais enrichi de crème était vendu entouré d’une fine bande de papier paraffiné, aidant ainsi l’évacuation d’excès d’eau. Ils étaient vendus à l’époque par six ou douze dans de petites caissettes en bois.
En 1878, l’usine fonctionne à la vapeur qui sert à faire tourner l’outillage, chauffer et éclairer l’usine. Avec le lait d’un troupeau de 150 à 200 vaches, et le lait acheté dans les fermes voisines, les Pommel commencent la fabrication du fameux fromage de Neufchâtel, dont l’origine remonterait au 10ème siècle. Fabriqué dans le Pays de Bray, c’est le plus ancien des fromages normands. En 1802, Napoléon 1er reçoit un panier de fromages de Neufchâtel et en 1845, le Congrès de Neufchâtel relève que le prix de ce fromage très demandé est quatre fois supérieur au prix du beurre. En 1856, on estime la quantité de bondons de Neufchâtel vendus à Paris à près de 3 millions de fromages. En 1875, au Concours Général Agricole de Paris, la Maison Pommel est récompensée d’une médaille d’argent pour ses fromages de Neufchâtel frais. Des études sérieuses montrent que vers 1887, les fermiers de la région tiraient presque la totalité de leurs revenus de la vente de ce fromage.
Pouriau Armand-Florent, dans son livre « La Laiterie, art de traiter le lait, de fabriquer le beurre et les principaux fromages français et étrangers » raconte sa visite en 1880 à l’usine Étienne Pommel de Gournay-en-Bray : « A cette époque, c’étaient les femmes qui exécutaient le moulage des fromages dits Suisses à la main. Et avec une dextérité telle, qu’elles arrivaient à mouler 120 à 130 douzaines de fromages à l’heure. Madame Pommel a même atteint le chiffre incroyable de 150 douzaines dans le même temps. Une fois moulés dans leurs enveloppes de papier, les fromages sont réunis par douzaines dans des boites de sapin ; ils sont posés debout et séparés trois par trois par des petites planchettes qui les empêchent de se coller les uns aux autres. Chaque boite de douze fromages pèse environ 1100 grammes, sur lesquels il faut compter 1 kilogramme de fromage. Le prix en gros est de 2f40 la douzaine. La quantité de matières premières traitées journellement dans cette magnifique usine à fromages peut être évaluée comme il suit : Crème 1000 litres, lait 3000 litres ; elles servent à faire non seulement les fromages suisses, mais aussi les bondons, carrés etc.. Monsieur Pommel paye en moyenne le lait aux cultivateurs 32f50 les cent pintes ou 200 litres, et la crème 1,90 à 2,50 francs la pinte ou les deux litres »
Pour la famille Pommel, les affaires sont plus que prospère. Une nouvelle et imposante maison d’habitation est édifiée en 1890, appelée de nos jours le Château Pommel. Elle était attenante aux bâtiments de la fromagerie. Pommel compte trente dépôts et succursales en France et à l’étranger, ainsi que des représentants dans tous les départements et à l’étranger. L’organisation logistique est militaire et bien rodée. Des cabriolets,voitures tirées par un cheval livraient toute la Seine-Inférieure, la Seine-et-Oise, l’Aisne, la Somme, l’Oise, ainsi que d’autres régions. Paris était livré par le chemin de fer.
En 1911, l’usine Pommel est victime d’un incendie criminel. Ainsi pouvait on lire dans le Radical du 25 mai 1911 « un incendie a détruit, l’avant-dernière nuit, à Gournay-en-Bray, un grand bâtiment de soixante-dix mètres de long, dépendant de la fromagerie E. Pommel et comprenant un cellier, une grange, une charreterie, une menuiserie et une porcherie, le tout surmonté d'un vaste grenier. Le feu a pris à deux points différents du bâtiment, ce qui semble indiquer la malveillance, et n'a pu être maîtrisé malgré les efforts des pompiers. Tout ce que contenait ce bâtiment a été la proie des flammes. Les dégâts, qui s'élèvent à 100.000 francs, sont couverts par une assurance. Ce n'est pas la première fois que M. Pommel est victime des incendiaires. Déjà l'année dernière, le 7 août, un incendie avait été allumé par une main criminelle dans cette fromagerie et l'enquête n'avait pu en faire connaître l'auteur.
Dans les années 1930, les charrettes à cheval sont progressivement remplacées par des véhicules industriels de la marque La Licorne, qui étaient fabriqués à Courbevoie. La fromagerie Pommel en détenait 60 véhicules. En 1932, au Concours Général Agricole de Paris, Pommel est récompensé d’un diplôme de médaille d’or pour ses laits en poudre, la plus haute récompense décernée. Ces laits en poudre de première qualité étaient fabriqués avec du lait frais et sans la moindre addition de produits chimiques.
Un différend oppose M. Pommel à un ancien employé :
Cours de Rouen, 26 décembre 1878, Hannier Contre Pommel. Le Tribunal Civil de Rouen rendait le 16 juillet 1878, sa décision. Voici tout d’abord les faits :
M. Pommel, fabricant de fromages à Gournay-en-Bray déposait le 06 juin 1868 et le 19 juin 1871 au greffe du Tribunal de Commerce de Gournay, sa marque de fabrique de deux modèles : l’un de grand format destiné à être placé au-dessus des fromages à l’intérieur de chaque boîte ; l’autre plus petit destiné à envelopper chaque fromage. Sur ces étiquettes à l’encre bleue, Pommel a dénommé ses produits Suisse double-crème arrivant tous les jours, au-dessous il a fait figurer quatre médailles obtenues dans des concours publics, le nom et le domicile sont au centre divisant les médailles deux par deux.
Hannier, ancien employé de M. Pommel, quant à lui, se livre à la fabrication de produits identiques à ceux de son ancien patron, emploie des étiquettes qui se rapprochent de celles de Pommel au point d’en être presque la copie conforme sauf qu’elles portent le nom de Hannier. Pour le reste tout est identique : similitude des termes employés, caractères d’impression, médaillons fantaisie etc..
La cour va considérer dans un premier temps que Hannier a voulu usurper les avantages liés à la notoriété de la marque Pommel et va le condamner à 300 francs d’amende et va confisquer les étiquettes et enveloppes saisies, et ordonne que les dispositions du jugement soient publiées dans un délai de deux mois dans le Journal de Rouen, le Nouvelliste de Rouen, le Journal d’Elbeuf, et le Journal de Gournay, le tout aux frais de Hannier. Sur l’appel de Hannier, la cour de Rouen en son audience du 26 décembre 1878, dira qu’il n’y a ni reproduction ni imitation frauduleuse ou préjudiciable par Hannier des marques de fabrique de Pommel, décharge Hannier des condamnations prononcées contre lui.
Date de dernière mise à jour : 23/06/2021