Historique Fromageries Boscher et Le Foll (51)
FROMAGERIES BOSCHER ET LE FOLL [REIMS]
À la fin du XIXème siècle, un breton, Monsieur Joseph Boscher, né en 1862, vient S'Installer a Reims.
C'est ce qui se dit de bouche à oreille dans la famille Boscher.
Au début, il possède un magasin sur la Place des marchés actuellement la Place du Forum sur le cryptoportique, puis ensuite rue de Tambour. Dès 1920, il édifie, au n°25 de la rue du Temple, un immeuble sur des caves voûtées. Dans la cour, des écuries comportent 14 boxes et une poulinière. Par carrioles attelées de chevaux, la livraison de lait frais se répandit dans tout Reims. Il affine aussi des petites quantités de fromage de Maroilles pour la vente dans les caves permettant ce travail. Son affaire devient vite prospère. Dans son commerce de gros, demi-gros et détail, il négocie la production de Maroilles puis au fil des années, il propose un large éventail de produits laitiers, beurre, fromages à la clientèle.
Paul et Maurice, ses deux fils, sont mobilisés vers 1925 au moment du soulèvement dans le Rif au Maroc laissant ainsi leur père seul aux commandes. C'est alors qu'il s'associe avec Monsieur Le Foll.
Monsieur Joseph Boscher décède en 1933, laissant à la postérité ce qu'il a entreprit. Ces deux fils revenus, pris aussi par le « virus laitier », se destinent ainsi:
- Paul se marie avec Mademoiselle Madeleine Gallois et reprend la laiterie de ses beaux-parents à Courcelles près d'Aubréville dans la Meuse dont la principale activité est le fromage de Camembert, surtout le très renommé le « Pré Fleuri. »
Médaille d'Or à l'Exposition Internationale de Paris en 1926 Grand Prix à l'Exposition Internationale de Reims en 1928.
- En janvier 1939, Maurice, marié avec Mademoiselle Suzanne Liger, fille d'un grand crémier à Paris, arrive à Morgny-en-Thiérache, petit village de l'Aisne, pour reprendre une laiterie qui ne collecte que quelques centaines de litres de lait par jour.
Puis au fil des mois, des années, le ramassage passe à 30 000 litres de lait par jour, occupant une trentaine de salariés. Le bâtiment principal porte le nom: Château de Morgny.
A cette époque, il n'y a pas de quotas laitiers. La production de lait est un bon revenu pour les fermiers, d'où l'expression « la vache à lait. »
Des camions passent ramasser le lait stocké dans des bidons de 20 litres.
Le lait est payé au litre et à la matière grasse par le comptable qui à bicyclette va régler les producteurs en espèce puis rapidement les chèques bancaires prennent la relève.
Au commencement, la transformation n'est qu'en beurre et Maroilles, ceux-ci sont affinés dans les caves à Reims, l'excédent par des affineurs du Nord.
Le Maroilles ne pouvant absorber toute la production de lait, l'activité s'agrandit dans la fabrication
de Camemberts, gruyère.
De mai à septembre, la laiterie ramasse et transforme jour et nuit. Le caillé des Maroilles est réparti dans des moules en bois pour la fabrication de Quart, Mignon, Baguette, Sorbais et le « 21 et 17 au mètre. »Le 17 au mètre, c'est-à-dire 17 Maroilles dans un mètre est le plus avantageux par sa taille et spécialement pour les vendanges. Plusieurs étiquettes viennent habiller ces fromages.
Les étiquettes représentant « La Laitière» se modernisent au fil du temps en dévoilant ses genoux. Ce qui fit scandale à une certaine époque. Une autre est à retenir: « Le Supporter ». Appelée ainsi au temps de l'équipe de football du Grand Stade de Reims. Et, pourtant aucun joueur n'a servi de modèle. Par contre. Pour tant d'étiquettes rapportées, un véritable ballon était offert. Quelle publicité pour l'époque!
La société Boscher et Le Foll est également fournisseur officiel pendant les épreuves automobiles du Circuit de Gueux, d'où les étiquettes: « Rallye ».
Dans les années suivantes, une extension à la fromagerie de Morgny est aménagée à Luzoir près de la Capelle. Cette laiterie est alimentée par trois communes et le site sert uniquement à la fabrication de Maroilles. Les fournisseurs de lait, tant à Morgny qu'à Luzoir, récupèrent le sérum pour l'alimentation des porcs au prorata de leur production de lait par bidons, tonneaux tirés par des chevaux, puis tracteurs. Ils viennent s'approvisionner quotidiennement. Ce va-et-vient apporte beaucoup d'animation dans les deux communes.
Vers 1940, face à l'entrée des troupes allemandes à Reims, la production de Maroilles est descendue dans la troisième cave du commerce rue du Temple et celle-ci est murée. Après leur départ, vers 1943, la cave est ouverte et la vente de ces Maroilles « abandonnés - cachés à l'occupant », mais encore mangeables, est réalisée en échange de tickets de rationnement. Une file d'attente est organisée pour être servi!
Au fil des années, la laiterie de Morgny s'agrandit en se modernisant. Les réglementations deviennent de plus en plus rigoureuses. Mais, dans les années 1960, il s'avère que cette industrie laitière ne peut plus prospérer. Les fabrications de fromage sont arrêtées. La collecte de lait est reprise par la fromagerie Moreau à Rouvroy-sur-Audry dans les Ardennes.
La laiterie de Luzoir, face à la conjoncture, n'a plus d'avenir. Elle s'arrête également. Monsieur Maurice Boscher repart sur Reims, sa ville natale.
La fromagerie de Paul Boscher est reprise par la société Martin-Collet puis par le groupe Besnier.
HISTORIQUE DES FROMAGERIES BOSCHER OFFERT PAR PASCAL ET CATHERINE CAQUERET, EXTRAIT DE LEUR LIVRE "L'HISTOIRE DU FROMAGE AU PAYS DES VINS DE CHAMPAGNE".
LIVRE DISPONIBLE SUR COMMANDE AUPRÈS DE L'AUTEUR (voir adresse dans bibliographie).
Date de dernière mise à jour : 08/08/2021