Cousin Jules et Jean-Baptiste Augustin Lahalle, deux fromageries situées à Bonnet 55.
Jules Cousin & Adeline Burguy à gauche, sur le perron de la maison d'habitation.
FROMAGERIE DE LA FERME DE JONCHÈRES, BONNET : La fromagerie de la ferme de Jonchères fait partie du petit village de Bonnet (220 habitants), situé dans le département de la Meuse. C'est Monsieur Jules Jacques François COUSIN, ingénieur chimiste parisien, né à Paris dans le 8ème arrondissement le 20 juillet 1862, qui va fonder cette fromagerie en 1881. (Ref : voir facture dans cet article). Le 17 septembre 1894, il épouse à Houdelaincourt (Meuse) Adeline Marie Adrienne BURGUY, née en 1871. Naissance le 13 août 1895 à Houdelaincourt de leur fils Jacques Ernest COUSIN. L'activité laitière et fromagère semble se développer dans de bonnes conditions, et les récompenses vont suivre quelques années plus tard : Médaille de vermeil à Paris en 1901, médaille de bronze à Lille en 1901, diplôme d'honneur à Lyon en 1902, médaille d'or à Nancy en 1904. Les fromages étaient expédiés par voie ferrée depuis la gare de Houdelaincourt (Meuse). Pour des raisons que nous n'avons pu déterminer avec précision, Monsieur Jules Jacques François Cousin va céder après la Première Guerre Mondiale son affaire à Monsieur Jean-Baptiste Augustin Lahalle, et va créer quelques kilomètres plus loin, une nouvelle fromagerie sur la commune de Houdelaincourt, qui restera en activité jusqu'en 1937/38 avant d'être reprise par Monsieur Gabriel Sordet.
Parmi les fabrications de la ferme de Jonchères : Le camembert, le carré de l'est, les pâtes de brie, le coulommiers, ainsi que du brie sous la marque "Le St Florentin", "Petit Lahalle" , "Le Richecourt", "Le Beau-Val". Cette fromagerie transformait environ 1500 litres de lait par jour, ramassé dans les villages de Bonnet, Houdelaincourt, Tourraille-sous-Bois et Horville-en-Ornois. Dans les années d'après guerre, beurre et fromage ne sont pas encore suffisamment disponibles en quantité comme de nos jours, et c'est à une véritable guerre du lait que vont se livrer les fromageries de Lorraine. Tout près de Biencourt, la fromagerie Sand, nouvellement créée, se livre à une prospection acharnée pour récupérer le lait des producteurs de Renard-Gillard. La matière première risque même à un moment de manquer.
Finalement, à ce jeu, certains s'useront plus vite que d‘autres, la fromagerie Sand par exemple disparaitra, et les fromageries de Jonchères à Bonnet et de Vesaigne en Haute-Marne, appartenant à une très proche parenté seront reprises par Gillard-Renard, qui exploitera ensuite les marques : Le Richecourt, et Le Beau Val .
(1) Dans le dictionnaire de l’Industrie, du Commerce, de la Banque, de l’agriculture, toute la France par professions, dans son édition de 1938, la commune de Bonnet compte deux fromagers : Monsieur Lahalle. A. et Monsieur Renard Joseph.
Photo : Bernard Wagner.
FROMAGERIE DE BONNET : Fromagerie fondée à la fin de la Première Guerre Mondiale par Monsieur Jean-Baptiste Augustin Lahalle (1872-1946), fils de Jules Hyacinthe Lahalle (1848-1929) et de Lucie Lahalle, née Mayaux (1856-1940). Ce fromager va s’investir dans la vie locale de sa commune, et sera élu maire de Bonnet pendant 48 ans (de 1898 à 1946). Très peu de temps après la création de sa fromagerie, Jean-Baptiste Augustin Lahalle, va racheter à Monsieur Jules Cousin, un important troupeau de vaches laitières, une fromagerie, ainsi que l’ensemble de la ferme de Jonchères, qui était aussi située à Bonnet.
On transformait seulement 300 litres de lait par jour pour la fabrication de fromage camembert. Trois employés travaillaient à la fromagerie de Bonnet, et huit à la ferme de Jonchères. Pour résumer, J-B Augustin Lahalle, se trouvait alors à la tête de deux fromageries : La fromagerie de Jonchères et la fromagerie de Bonnet. En 1932, c’est au tour de Pierre Lahalle (1907-1972), de succéder à son père. Un an plus tôt, il avait épousé une femme proche de la famille Renard. Il va développer la fabrication du fameux camembert et carré de l’Est de la marque «Saint-Florentin». Malheureusement, quelques années plus tard, le manque de sérieux et la mauvaise gestion de l’entreprise, conduiront Pierre Lahalle à divorcer. Suite à ce divorce, C’est l’épouse qui va garder et diriger la ferme de Jonchères jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avant de finalement céder l’affaire aux fromageries Gillard-Renard de Biencourt, qui reprendront les marques «Le Beau Val» et «Le Richecourt». Pierre Lahalle conservera la fromagerie de Bonnet, avant d’être contraint de cesser toute activité en 1954. Pierre Lahalle décédera en 1972.
UNE MARQUE, UN SAINT, UN FROMAGE : Saint-Florentin, fils d’un roi d’Ecosse qui avait traversé les mers on ne sait comment, se fixa à Bonnet dans la Meuse au VIIème siècle. Il gardait humblement les porcs, tout en multipliant miracles et guérisons, si bien que dès le moyen-âge, Bonnet était devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté et recommandé en cas de troubles mentaux : Passer sous le gisant de Saint-Florentin, qui se trouve à l’intérieur de l'église, était et reste encore, paraît-il très efficace…
Bernard Wagner [Camembert-Museum, Édité le 25 novembre 2011]
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, mise à jour le 28 janvier 2018 & le 09 mars 2019 textes et images)
Date de dernière mise à jour : 02/10/2023