Laiterie de Goussaincourt (55)
BARBIER-TANNIÈRE LAITERIE DE GOUSSAINCOURT [MEUSE, GOUSSAINCOURT 55]
Laiterie fondée en 1926, par Monsieur Marcel Barbier (1903- ?) et son épouse de son nom de jeune fille Louise Tannière (1906-1993). Cette même famille dirigeait trois fromageries dans la Meuse, dans un rayon de 15 kilomètres, il s'agit de Goussaincourt, Maxey-sur-Vaise et Brixey-aux-Chamoines. La Laiterie-Fromagerie de Goussaincourt cessera toute activité en 1956. Voici son histoire :
En 1935-1936, la reprise de la Laiterie de Goussaincourt, par la Coopérative Agricole de Vaucouleurs, est simplement motivée par le désir du Conseil d’Administration d’offrir aux coopérateurs autonomes, les mêmes conditions avantageuses réservées aux seuls adhérents coopérateurs de la Coopérative de Maxey-sur-Vaise.
D’autre part, les difficultés économiques qui d’année en année, rendaient de plus en plus compliquée la saine gestion d’une affaire artisanale, ne permettaient plus au propriétaire d’alors, de transformer et de vendre dans des conditions intéressantes. A cette époque déjà, si l’on voulait se rendre compte de la marche d’une affaire, il fallait s’astreindre à tenir une comptabilité qui, aussi rudimentaire qu’elle puisse être, semblait d’une importance relative à la Laiterie de Goussaincourt.
De 1935 à 1941, le travail du lait fut assuré, par le propriétaire de la laiterie de Goussaincourt, dans des conditions tout à fait simples : Le lait fourni par les adhérents de la Coopérative, était collecté par ses soins, travaillé sous sa responsabilité, et il s’occupait en outre, de la recherche de débouchés pour les produits fabriqués. La Coopérative n’intervenait alors que pour faire l’avance d’argent nécessaire au règlement du lait au début de chaque mois. Le propriétaire de la laiterie était donc seul responsable de la gestion technique de l’affaire, la Coopérative n’intervenant qu’au point de vue trésorerie.
Au moment de la période d’hostilités, la mobilisation de Monsieur Barbier, vient, comme partout, compliquer la situation, et, à partir de 1941, la Coopérative va s’occuper elle-même de l’ensemble de la comptabilité. Ce n’est donc qu’à partir de cette date que pourront être donnés les différents chiffres concernant la laiterie de Goussaincourt.
Ajoutons encore que, placée aux confins du département des Vosges, (département de riches pâtures, et dont les producteurs livrent un lait beaucoup plus riche que dans la Meuse), la Laiterie de Goussaincourt a toujours eu à subir quelques difficultés de la part de certains de ses adhérents qui n’admettaient pas, et n’admettent encore que très difficilement, que leur lait, d’une richesse cependant bien moindre que celle du lait livré par les villages vosgiens limitrophes, leur soit payé à un prix inférieur.
Au point de vue installation et transformation du lait, la laiterie de Goussaincourt est équipée uniquement pour la fabrication de pâtes molles (Coulommiers) et de beurre. Les quantités de lait traitées sont très inférieures à celles traitées à la laiterie de Maxey, mais les débouchés, grâce à une fabrication très suivie, sont pratiquement assurés, tout au moins pour les litrages habituels collectés jusqu’à ce jour.
En ce qui concerne le rayon d’action, seules deux communes assurent d’une façon régulière leur fourniture à la laiterie de Goussaincourt : ce sont les communes de Goussaincourt et de Burey-la-Côte. Accessoirement, et pour répondre à certains moments au désir de quelques adhérents coopérateurs, la commune de Sauvigny a été ramassée partiellement, mais ce ramassage, étant donné les frais de transport qu’il occasionnait, s’est toujours révélé peu rentable. Nous donnerons ci-dessous, pour la période 1941-1953, les différents renseignements sur les quantités de lait fiurnies annuellement par les communes de Burey-la-Côte, et Goussaincourt, et depuis 1946, année à partir de laquelle on peut considérer que la collecte s’est fixée définitivement
Si nous nous référons au tableau 1, nous constatons que, compte tenu de l’invariabilité des communes fournissant du lait, le litrage livré annuellement, ou par exercice, est en augmentation constante comme nous l’avions constaté déjà pour la Laiterie de Maxey. En effet, si l’on veut se référer seulement aux années 1945-46, en comparant avec les quantités de lait entrées actuellement, on enregistre une différence de 110.000 litres. Cette différence provient d’augmentations annuelles à peu près régulières, et si l’on excepte l’année 1952-53, marquée par une épidémie de fièvre aphteuse, on arrive à une augmentation annuelle variant de 30.000 à 60.000 litres. Ces chiffres qui peuvent paraître assez peu élevés, se rapportent cependant à une laiterie ne collectant que deux communes, et ne recevant journellement que 1000 à 1500 litres de lait suivant les saisons. Toujours en ce qui concerne le tableau I, on peut aussi constater que la fabrication de fromages maigres a duré comme à Maxey de 1942 à 1945 ; Au cours des exercices 48/49, 49/50 & 50/51, une fabrication de fromages de brie avait été commencée dans une très petite proportion ; elle n’a pas été poursuivie par la suite étant données les difficultés de placement et de conservation.
En ce qui concerne le tableau II, le commentaire ne pourrait être que le même que celui du tableau I, en précisant seulement que pour Goussaincourt, comme pour Maxey, c’est en majorité le mois de mai qui constitue le mois de pointe de toute l’année.
Le tableau III résume, et à notre avis, éclaire d’une façon saisissante l’augmentation de la production laitière, ce tableau pouvant se rapprocher du tableau similaire concernant la Laiterie de Maxey-sur-Vaise et des communes qui la fournissent. On peut constater en effet sur ce tableau des quantités livrées par les communes de Goussaincourt et Burey-la-Côte, une augmentation de près de 100.000 litres de 1946 à 1953, pour la première citée, la seconde commune ne pouvant être prise comme référence, quelques cultivateurs ayant cessé leurs fournitures par abandon de la culture ou ayant cédé leurs exploitations à des producteurs livrant, depuis un an à un ramasseur des Vosges. Nous n’avons pas jugé utile de porter les prix pratiqués, ceux-ci étant identiques aux prix payés aux fournisseurs de la laiterie de Maxey-sur-Vaise, et ce pour la raison donnée au premier paragraphe de ce chapitre.
En ce qui concerne les débouchés, la laiterie de Goussaincourt livre la plus grande partie de sa fabrication de beurre, à ses producteurs de lait, le surplus, quand il y’en a eu, étant envoyé à Maxey, pour être joint aux expéditions de cette laiterie. Une partie du beurre fabriqué par Goussaincourt est aussi réservée à la clientèle des épiceries.
En ce qui concerne les fromages, en dehors de la clientèle des producteurs, et des épiceries locales, qui en absorbent une certaine partie, des expéditions se font sur la Moselle, la Meurthe-et-Moselle et le Doubs. La qualité du fromage fabriqué (coulommiers gras 50pc garanti sans écrémage), permet de conserver une clientèle sérieuse, attachée à la marque ; on peut même constater, qu’en période excédentaire, les envois aux Halles de Paris bénéficient… si l’on peut dire, d’un prix de faveur.
Il est regrettable, qu’à certaines époques la fromagerie de Goussaincourt, n’aie pas la possibilité matérielle d’augmenter ses fabrications, ce qui permettrait d’étendre la clientèle, et aussi d’absorber une partie des excédents de la Laiterie de Maxey-sur-Vaise, dans les périodes de forte production laitière. Ajoutons que, pour l’écoulement des résidus de fromagerie (puron et sérum), une porcherie est installée à proximité de la laiterie, porcherie comptant en moyenne, de 25 à 30 porcs. Pour en terminer sur ce chapitre de la Laiterie de Goussaincourt, nous donnerons ci-dessous le relevé des chiffres d’affaires, réalisés par exercice, depuis la reprise de cette laiterie par la Coopérative de Vaucouleurs.
Sans avoir l’intention de commenter les chiffres ci-dessus, on peut constater que, même en tenant compte de la hausse du prix du lait, et par conséquent des produits qui en découlent, on est obligé de reconnaître une augmentation sensible dans le chiffre d’affaire de la laiterie de Goussaincourt. Malgré le faible litrage travaillé journellement, la qualité des produits permet de maintenir une clientèle sérieuse, et, comme il est dit plus haut, il est seulement regrettable, que dans certaines périodes la fabrication ne puisse être augmentée, ce qui permettrait une vente bien supérieure à celle pratiquée actuellement.
Enfin, la laiterie de Goussaincourt, permet de collecter et de travailler, aux moindres frais, le lait d’un certain nombre d’adhérents assez éloignés de Maxey et dans l’adjonction de cette ativité aux autres activités de la Coopérative, on peut constater le sens des réalités dont une fois de plus a fait preuve votre conseil d’administration.
Ce document est une contribtion de M. Benard Wagner [Publié par Camembert-Museum le 5 mai 2016]
Date de dernière mise à jour : 21/05/2016