Mougin Jean, Fromagerie de Boron (90)
FROMAGERIE DE BORON [MOUGIN JEAN, BORON (90)
L’histoire de la Fromagerie de Boron commence avec la création de la Société Laitière Coopérative de Boron, une société coopérative agricole, société civile particulière, fondée le 29 janvier 1929. [Dépôt des actes chez Maître François Feltin, notaire à Delle,Territoire de Belfort]. Après quelques années d’activité, des difficultés, dont nous n’avons pu déterminer les causes exactes vont surgir. La coopérative est alors en état de cessation, elle est rachetée, en 1933, par Jean Mougin, un jeune fromager de la région.
Dès l’âge de 13 ans, Jean Mougin va apprendre le métier de fromager, en observant et en aidant son père, Monsieur Blaise Mougin, dans leur fromagerie située à Faverois (Territoire de Belfort). Ces années d’apprentissage avec son père, Jean Mougin les mettra à profit afin de redresser la fromagerie de Boron. En 1934, il se mariait avec Jeanne, une jeune Alsacienne, qui va l’aider très efficacement dans les travaux de la fromagerie. Le couple aura six enfants.
Lorsque les aînés, deux garçons, obtiendront leur B.E.P.C, ils vont à leur tour travailler avec leur père au ramassage du lait, ainsi qu’à la fabrication. Chaque petit producteur amenait chaque matin et soir le produit de sa traite du jour qui était immédiatement transformée dans la grosse cuve en cuivre. Environ 1200 litres étaient collectés en hiver et 1800 en été. Un comté était fabriqué chaque jour en hiver, plus souvent deux en été. On y fabriquait aussi des munsters, des yaourts et les dernières années, on fabriquait aussi du beurre avec un apport provenant de fromageries du Haut-Doubs, fromagerie de Fournet-Blancheroche et alentours.
Le travail au quotidien commençait vers six heures du matin avec la « coulée » du lait , (arrivée des producteurs et du ramassage des fermes alentours), pesée du lait, fabrication du comté, pendant que s’effectuait le nettoyage de la fromagerie, avait lieu le travail à la porcherie : Nourriture des porcs et nettoyage, tout cela occupait toute la matinée. L’après-midi se passait essentiellement dans les caves à "frotter” les comtés et les munsters pour l’affinage.
La clientèle de la fromagerie, hormis les fournisseurs de lait du village, était composée des épiceries et boucheries des villes proches, comme Delle et Grandvillars. Chaque semaine, à l’initiative de son épouse, Jean Mougin effectuait une grande tournée de livraison en Alsace, dans la vallée de Masevaux. Sur le plan local la fromagerie faisait vivre les paysans du village, et chaque maison avait pratiquement une petite activité agricole.
Dans les années 1940, pendant la guerre, le travail a continué à la fromagerie de BORON. Plusieurs membres de la famille qui habitaient principalement en ville, étaient venus agrandir le cercle familial, afin de profiter des avantages alimentaires que procurait la fromagerie. Jean Mougin dirigeait aussi à cette époque la Coopérative laitière de Belfort.
Nous voilà à la fin des années 1950... Avec la guerre d’Algérie et le mariage du fils aîné puis son départ du village, un à deux jeunes ouvriers en provenance de l’école fromagère de Mamirolle, dans le Doubs, viendront aider Jean Mougin et son frère Gérard à la fabrication, à l’affinage ainsi qu’aux autres travaux annexes (élevage de porcs en particulier). L’employé qui a travaillé le plus longtemps à la fromagerie de Boron est Monsieur René Arnaud, Il rejoindra la fromagerie de Boron en tant que fromager, le 25 mars 1961, et y travaillera jusqu’à la fermeture en 1966. M. Arnaud, qui habite de nos jours le village voisin de Vellescot, a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions. Il se souvient très bien de cette époque où l’on travaillait dur, il se souvient aussi de Jean Mougin, «un homme avenant, sympathique et paternaliste, qui entretenait de très bonnes relations avec ses employés. Patron, famille et employés partageaient leur repas ensemble».
C’est au printemps de l’année 1966, que toute l’activité laitière et fromagère va cesser.. Des difficultés étaient déjà apparues les années précédentes pour le recrutement du personnel, les jeunes préférant partir travailler dans les entreprises du secteur qui embauchaient facilement à cette époque, bénéficiant surtout de leurs week-end, contrairement au travail d’une fromagerie qui était continu sept jours sur sept.
Jean Mougin approchait la soixantaine. Une certaine lassitude, et une demande assez pressante de ses plus gros fournisseurs pour partir à la Coopérative Laitière, allaient donner le coup de grâce à l’existence de la fromagerie de BORON comme à la plupart des fromageries des villages environnants. La Coopérative Laitière de Belfort reprenait la clientèle et une partie du matériel.
Gérard Mougin, le frère de Jean, partait travailler quelque temps à la Coopérative de Belfort en tant que chauffeur ramasseur, avant d’établir, avec son épouse Monique, dans les locaux inoccupés de la fromagerie, un élevage avicole.
Tous nos remerciements à Mme Monique Mougin, pour ses informations précieuses, sans qui l'histoire de cette fromagerie n'aurait peut-être jamais été écrite, et à Monsieur René Arnaud, qui nous permet ainsi de comparer et valider certaines de nos informations.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 05 février 2012]
Date de dernière mise à jour : 29/03/2021