Gervais Charles (Clermont 60)

60-Gervais (Clermont 60)

 

CHARLES GERVAIS USINE POUR LA FABRICATION DE BOÎTES À FROMAGES SITUÉE À CLERMONT (60)

C’est en 1900, que Charles Gervais décide de s’installer à Clermont dans l’Oise, afin d’y construire une usine pour la fabrication des emballages nécessaires à la vente de ses fromages. Notons que jusqu’en 1917, la fabrication se limitait à deux produits : les Petits Suisses et les Triples Crème ou demi-sel. Le choix de Clermont se justifie par l’abondance des peupliers dans cette région, dont le bois convient à merveille pour préserver toute la saveur de ses fromages frais.

Cette usine dite «de la Belle-Assise» se nommait ainsi en souvenir de l’enseigne d’un cabaret sous le règne de Louis-Philippe. Elle comportait de vastes hangars pour le séchage du bois, stocké ici pendant quatre ans avant utilisation, ainsi qu’une longue cheminée qui dominait toute la région.

L’usine comportait aussi des écuries, une imprimerie, ainsi que trois réfectoires (les gens ne se mélangeaient pas trop à l’époque). Le premier réfectoire était destiné aux femmes célibataires, le deuxième aux couples ou ménages ainsi qu’aux hommes, et le troisième réfectoire était le lieu où se retrouvaient entre eux les contremaîtres et contremaîtresses.

À l’appel de la cloche, une longue journée de travail à la chaîne commençait pour les ouvrières toutes vétues de blouses noires. Dans l’atelier de fabrication des boîtes, étaient placées des tables en 10 rangées occupées chacune par quatre ouvrières. Le fond de la boîte, le couvercle et les côtés étaient assemblés les uns après les autres. Dans un atelier voisin, d’autres ouvrières fabriquaient des tubes avec un papier spécial comparable au papier buvard, qui servait à entourer les Petits Suisses. Ces tubes étaient ensuite mis par cinq dans les boîtes et expédiés par voie ferrée vers l’usine de Ferrières ou au centre de moulage du Pont-Neuf à Paris.

Jusqu’en 1920, ces boîtes étaient entièrement fabriquées à la main, et fermaient par un crochet métallique. Mais très progressivement, avec le temps, des scies rivées seront installées aux tables, ainsi que des machines à clouer et agrafer automatiques.

En mai 1941, l’usine occupée par les allemands va subir un incendie très important visible depuis Beauvais et qui durera plusieurs jours avant d’être maitrisé. trois ans plus tard, le 25 août 1944, à 12h30, des avions alliés bombardaient le quartier de la Belle-Assise. A la radio de Londres, les Clermontois étaient prévenus par ce message un peu cynique «La Belle ne sera pas toujours assise ». Résultat, une usine entièrement détruite et des ouvriers déplacés à l’usine de Ferrières.

 

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 27 juillet 2020)

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 27/07/2020