Mandron (La Capelle 02)
FROMAGERIE MANDRON [L'HISTOIRE EXEMPLAIRE D'UN HERBAGER MOYEN] [LA CAPELLE 02]
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
M. Léon Mandron et son épouse née Zélie Prisette, dirigent à La Capelle (Aisne), une exploitation exclusivement herbagère; nous pouvons l'étudier comme type de l'herbager complet, de taille moyenne, en cette première décennie du 20ème siècle :
Le domaine a une étendue de 28 hectares, pour la plus grande partie en location, moyennant un loyer annuel de 195 francs l'hectare. Ce prix paraîtra d'autant plus élevé que très peu de pâtures sont plantées d'arbres à fruit. Sur cette propriété vivent : 40 vaches à lait, 9 génisses, 1 taureau, 2 chevaux, dont un nourri par les produits du sol ; l'autre par des aliments introduits. Soit 51 têtes de gros bétail. 1 tête 8/10 par hectare. Les vaches sont de race flamande et forment un très beau lot, dont l'uniformité s'explique par le soin qu'apporte M. Mandron à sélectionner ses reproductrices. Le taureau, acheté dans les Flandres, est renouvelé tous les deux ans.
Les bêtes passent l'hiver à l'étable. Dans les premiers jours d'avril, on les mène en pâture et elles y restent jusqu'en novembre; dès lors, il n'y a plus à s'en occuper, elles broutent à leur aise, s'élèvent toutes seules. Deux fois par jour, le matin et le soir, on va les traire sur place. Le lait, rapporté à la ferme, est transformé en fromages de Maroilles, qui sont vendus en gros, à raison de 45 francs la grosse de 49 (4 douzaines plus un). Chaque fromage exige 6 litres de lait. Pendant les 150 jours de fabrication, la production journalière est de 540 à 600 litres, ce qui représente une moyenne de 14 litres par vache. On produit donc pendant cette période environ 90 fromages par jour. Le prix du litre de lait ainsi vendu s'élève à 0 fr. 15, desquels il convient de déduire les frais de fabrication; ceux-ci se trouvent en partie payés par le petit-lait qui sert à l'engraissement des cochons. On en élève chaque année 250 en deux lots de 125.
Pendant la saison d'hiver, le lait est transformé en beurre ; le bénéfice obtenu est à peu près le même. L’ordre et la plus grande propreté règnent dans toute l'étendue de l'exploitation. Les fumiers sont soignés et le purin recueilli sans perte. Les quelques pâtures qui sont plantées de pommiers, fournissent un cidre excellent, et bien au delà de la consommation. Enfin, comme éléments de revenus, il faut encore mentionner la basse-cour, peuplée de poules, dont les oeufs se vendent sur les marchés à un prix très rémunérateur, des poulets, de canards, des lapins, des pigeons; un bout de terrain, aménagé en potager, fournit une partie des légumes nécessaires. Une fromagerie modèle est annexée à la ferme, où l'on fabrique d'excellents fromages de Maroilles.
Les travaux nécessités par cette exploitation sont effectués par M. Mandron, sa femme, deux enfants adultes (le fils et la fille) et deux ouvriers occupés toute l'année. Durant les moments de presse, on prend des hommes à la journée; mais cela n'est pas toujours facile, car la main-d’œuvre est rare. Au Comice Agricole de Vervins, Concours de la Capelle du 19 juin 1898, une médaille d'or est décernée à Monsieur Mandron, offerte par le ministère de l'Agriculture.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 1er mars 2015]
Date de dernière mise à jour : 14/03/2019