Société Le Lait Toulousain (31)
LE LAIT TOULOUSAIN ET FROMAGERIES D'OUST RÉUNIS. [TOULOUSE 31H]
C’est en 1932, que la société Le Lait Toulousain » est créée. Le capital de départ est de 1,500,000 francs divisé en 6000 actions de 250 francs chacune, dont 800 actions d’apport entièrement libérées. En outre, 200 parts de fondateur sont aussi créées. L’objet de la société est l’achat et la vente de lait, la production, la préparation et la vente de toutes marchandises et fournitures employées dans l’industrie laitière et fromagère. Au conseil on note la présence de noms connus comme Émile Masclet, Louis Rigal, administrateurs des Caves et Producteurs Réunis de Roquefort, ainsi que de Monsieur Jean Guichard administrateur directeur de l’Épargne et co-gérant des magasins Casino et Établissements Économiques d’Alimentation de Saint-Étienne.
LE LAIT TOULOUSAIN ET FROMAGERIES D'OUST RÉUNIS est une société anonyme au capital de 18,000,000 de francs en 1952 (selon facture). Suite à une importante augmentation de capital, celui-ci passe à 75,000,000 de francs. Le siège social se trouve à Toulouse, 187 Faubourg Bonnefoy à la fin des années 1950. En France, le nouveau franc va entrer en vigueur le 1er janvier 1960. Un nouveau franc vaut alors 100 francs anciens. La société dispose d’un capital de 1,700,000 nouveaux francs, divisé en 7934 actions A de 100 nouveaux francs chacune et de 4533 actions B de 200 nouveaux francs chacune. Statuts déposés chez Maître Camps, notaire à Toulouse.
Voici quelques extraits d'un article de presse daté de 1959, pour mieux connaître ladite société :
Toulouse, Foix, Saint-Girons, Carcassonne, autant de villes du Sud-Ouest où par sa présence et son activité LE LAIT TOULOUSAIN (LLT) a acquis sa réputation et justifie son rayonnement vers les centres du Sud-Ouest et du Bassin Méditerranéen. Résultat de la fusion de diverses industries laitières privées, la nouvelle Société, par une réorganisation rationnelle, a spécialisé ses usines en vue d’améliorer la qualité et les prix des produits obtenus à partir des 70,000 litres de lait collectés dans plus de 4000 fermes des vallées de la Garonne, de l’Ariège, et du Tarn. L’usine de Toulouse alimente les principaux centres du midi (Toulouse, Carcassonne, Marseille, Toulon) de ses 40,000 litres de lait pasteurisé journaliers. L’usine de Saint-Girons connue depuis 1893 sous le nom de fromagerie d’Oust, acquis une réputation incontestée dans la fabrication des camemberts dont la vente n’a cessé de progresser tant en Métropole qu’en Afrique du Nord. Construite sur les rives de l’Ariège et dominée par le célèbre château de Foix, la LAITERIE DU CHÂTEAU a contribué à l’enrichissement de cette vallée par ses productions d’Édam et de Saint-Paulin. Chacun de ces centres fournit en outre à sa clientèle locale toute la gamme des produits frais. Grâce aux soins apportés à tous les stades de ses fabrications, à ses efforts techniques et financiers pour améliorer et renouveler un matériel toujours en évolution, les produits de l’OURS se sont acquis une réputation qui va de Bordeaux à Nice. Actuellement, la direction de la Société dirige ses efforts à l ‘amélioration de tous les stades de commercialisation. Grâce à l’autofinancement et à une aide des services administratifs qu’elle sollicite depuis de nombreuses années, elle compte réaliser les investissements lui permettant de rester à l’avant-garde du progrès dans le domaine de l’industrie laitière. (1)
1961- DÉPÔT DE BILAN, LA FIN D’UNE BELLE HISTOIRE :
La société le Lait Toulousain et les Fromageries Oust Réunies, dont le siège est à Toulouse, et qui possèdent trois usines de transforma-lion du lait à Toulouse, Saint-Girons et Foix, où sont employées deux cents personnes environ, a déposé son bilan vendredi soir. Le tribunal de commerce a aussitôt admis la société défaillante au bénéfice de la liquidation judiciaire et nommé un syndic. Le 16 août dernier les producteurs de lait de la Haute-Garonne, de l'Ariège et du Tarn, à qui le Lait toulousain était redevable de 80 000 NF (montant des livraisons de lait des mois de mars et de juillet) avaient obtenu, par l'intermédiaire de leur syndicat, une hypothèque sur les biens de la société (1), Toutes les créances devaient être honorées à la date du 30 septembre, faute de quoi les organismes syndicaux agricoles envisageaient de se saisir de la propriété de l'affaire et d'ériger celle-ci en coopérative de transformation des produits laitiers. Mais les événements devaient se précipiter par l'action de la Sécurité sociale, qui a procédé à la fin du mois d'août au blocage des avoirs en compte. Les producteurs, dont le montant de la créance, accrue du prix du lait livré en août, s'élevait alors à 1200 000 NF, décidèrent d'arrêter les livraisons à partir du 1er septembre. Les usines ne furent plus alimentées et s'arrêtèrent. Les producteurs veulent être créanciers prioritaires
Un millier d'agriculteurs intéressés à cette affaire se sont réunis hier à Toulouse pour nommer un comité de défense constitué par les membres du bureau de la fédération. Ils ont voté une motion dans laquelle ils déclarent que " leur lait est resté leur propriété et qu'en conséquence sa valeur doit leur être réglée en tout état de cause avant tout autre paiement. Les producteurs de lait, disent-ils, sont des travailleurs au même titre que les salariés de l'entreprise, avec le même intérêt social et juridique qui s'attache à cet état, à ses conséquences et à toutes ses suites ". (2)
Sources : (1) L’Information Financière, économique et politique, 29 janvier 1959 (2) Journal Le Monde 11 septembre 1961.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, première édition, le 28 juin 2021]
Date de dernière mise à jour : 15/08/2024