Faire Bonne Impression !

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Si la typographie (gravure en relief) et la taille-douce (gravure en creux) ont régné longtemps et sans partage dans les imprimeries, l’arrivée de la lithographie (gravure à plat) dont le principe repose sur l’antipathie entre le gras et l’eau, s’est imposée durablement pour l’impression des étiquettes.

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La gravure en taille-douce qui connut son heure de gloire avec Albrecht Dürer, Jacques Callot ou plus près de nous Francisco de Goya, n’a survécu qu’avec la production des timbres-poste hélas aujourd’hui pratiquement abandonnée ; sa traduction industrielle l’héliogravure connut une certaine notoriété grâce à l’édition où ses noirs profonds et veloutés firent merveille notamment dans la reproduction des photographies. La gravure en relief sur bois debout (xylographie) fut à son apogée avec la reproduction des œuvres romantiques, Gustave Doré en est un parfait exemple. Elle fut incontournable pour la reproduction des catalogues, celui de Manufrance est resté dans toutes les mémoires. La lithographie ne pouvait répondre aux besoins particuliers qu’exige l’édition des étiquettes, nous sont restées les belles gravures de Paul Gavarni ou d’Honoré Daumier. Passons par pertes et profits la gravure sur linoléum ou encore la sérigraphie qui se cantonnent dans l’édition d’estampes et qui ne sont mentionnées ici que pour l’anecdote. La mise au point par Brisset dans les années 1880 de la lithographie en couleurs (chromolithographie) et de l’invention de la presse mécanique et des cadres à repérer dues à Godefroy et Engelmann a permis enfin l’édition d’étiquettes en couleurs et à fort tirage. Merci à eux.

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Le travail des dessinateurs-graveurs consistait à reproduire à l’encre sur une pierre (litho) les étiquettes à la taille réelle. Certains graveurs pouvaient être spécialisés dans l’illustration, d’autres dans le lettrage, chacun avec son style particulier. Les effets de dégradés étaient obtenus à l’aide de points «coquille» plus ou moins denses et espacés, ou de points «vermicelle» faits à l’aide d’une roulette. Le Camembert de la Belle Fermière (A. Lepetit et ses fils) nous offre un exemple de chromolithographie d’une grande virtuosité. Au fil du temps, par économie et par facilité, certaines imprimeries utilisèrent des aplats et des trames mécaniques. Citons Delcey à Dôle ou Idoux à Nancy entre autres. Il faut dire que la génération des dessinateurs-graveurs avait alors pratiquement disparu. Des techniques mixtes mélangeant point coquille, aplats, trames mécaniques et dessins à la plume furent dès lors couramment utilisées.

Aujourd’hui l’offset qui est l’application industrielle de la lithographie a définitivement remplacé la chromolithographie. Alors qu’incombait au dessinateur-graveur de définir très précisément le nombre de couleurs nécessaires à la reproduction de son modèle, avec l’offset la séparation des couleurs se fait automatiquement. Chaque image est reproduite en trois couleurs, le jaune (yellow) le bleu (cyan) et le rouge (magenta) plus éventuellement un noir d’appoint. Les étiquettes reproduites en chromolithographie pouvaient, elles, être imprimées en un nombre plus important de couleurs ; celui-ci était fonction du choix de son créateur et des contraintes budgétaires. A ces couleurs s’ajoutaient parfois un or qui devait être soutenu par une teinte spécifique, quelquefois, un vernis venait compléter le résultat. Autres temps, autres mœurs.

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J’ai choisi de vous montrer quelques exemples (tous pris sur le même thème) dans lesquels vous trouverez des travaux qui vont de la chromolithographie classique à l’offset en passant par toutes les associations de ces différentes techniques. L’interprétation d’un original à l’aquarelle (Camembert Exquis) en offset et en chromolithographie est particulièrement parlante. L’offset était alors balbutiante, des progrès considérables ont été accomplis depuis, il n’en reste pas moins que le charme lié à la chromolithographie restera inégalable. L’observation attentive de ces techniques d’impression nous permet de classer chronologiquement nos chères étiquettes, et de s’y attarder encore un peu plus s’il en était besoin.

NB : Edition Isoète 1993 « Le Cœur Camembert » de Olivier Thiébaut.

Michel Coudeyre pour Camembert-Museum (Première publication le 21 novembre 2024)

 

 

Date de dernière mise à jour : 21/11/2024