Imprimerie Idoux Victor
IDOUX, UNE IMPRIMERIE, UN STYLE.
Toute imprimerie est reconnaissable par l'esprit et par le style de ses impressions. La personnalité qui s'en dégage dépend pour partie des créateurs qui y travaillent, des techniques qui y sont employées et du positionnement, voulu par l'entreprise ou induit par ses créations. Créatives, inventives, originales, haut de gamme ou au contraire simples, abordables, faciles et sans manières, la perception que l'on a de celles-ci se fait sur le fruit de la production et détermine l'image qui lui restera attachée.
Le style de l'imprimerie Idoux à Nancy se caractérise essentiellement par l'utilisation des couleurs primaires (magenta, cyan, yellow) traitées en aplat et par l'utilisation de trames mécaniques souvent grossières, ne pouvant lutter avec les subtils dégradés apportés par les trames au point coquille, réalisées manuellement par les dessinateurs lithographes d'antan. Les modelés y sont rares et se cantonnent le plus souvent aux visages et à quelques accessoires.
Nous nous trouvons là typiquement dans la manière la plus minimaliste d'aborder l'impression d'étiquettes. Positionnement que nous pouvons qualifier de commun et de populaire. Ce positionnement, si on en juge par la production importante de l'imprimerie Idoux, a su séduire nombre de fromageries dans sa zone de chalandise. Cette méthode simple, rapide et efficace n'est pas propre à cette imprimerie, Garnaud à Angoulême, Delcey à Dole, Cipac à Luxeuil, Collier à Fourmies et bien d'autres y ont eu recours, mais jamais de façon aussi systématique.
On se fera une idée très précise du traitement adopté par Idoux en comparant deux étiquettes du Chatenois, l'une de sa production, l'autre de l'imprimeur Grange à Paris.
La recette adoptée par l'imprimerie Idoux présente d'indéniables avantages : simplicité de la conception, économie et rapidité de la réalisation. Les modifications nécessaires pour différencier un même modèle d'étiquette présentant des taux différents de matière grasse ou servant de passe-partout se bornent tout simplement à intervertir l'attribution des couleurs.
Si ce procédé offre, surtout pour l'imprimeur, des facilités il atteint très vite ses limites par la confusion qu'il entretient en présentant des étiquettes à la gamme de couleurs identiques et aux dessins apparentés. Etiquettes en quelque sorte interchangeables et au final sans réelle personnalité. Ce défaut sans être rédhibitoire est préjudiciable à l'efficacité de l'étiquette dont la qualité première est d'être reconnaissable de façon immédiate et de générer si possible une adhésion positive, avantage à laquelle une étiquette banalisée ne saurait prétendre.
Cependant, l'imprimerie Idoux apporte, aux collections d'étiquettes, par sa singularité même une touche particulière, touche qui ne manque pas d'un certain charme.
Michel Coudeyre [Camembert-Museum, août 2016]
Date de dernière mise à jour : 31/07/2021