Plus Loin, Plus Vite !
PLUS LOIN, PLUS VITE par Michel Coudeyre
Comme disait un de mes oncles à qui je demandais comment es-tu allé là-bas ? : "Un peu à pied, un peu en marchant." me répondait-il. Ce qui soulignait, s'il en était besoin, qu'il n'avait pas d'autre façon de se déplacer.
De tout temps l'Homme a cherché les moyens d'aller plus loin, plus vite. Pour découvrir ou conquérir de nouveaux territoires, pour commercer ou pour le plaisir. J'aborde ce thème des transports, non pas celui du lait et des fromages qui a déjà été traité ici-même dans l'article "Ils voyagent" mais celui plus général du transport des biens et des personnes et le traiterai comme il se doit, à Camembert Museum, par le truchement des étiquettes qui le représentent.
Se déplacer sur des distances de plus en plus grandes en portant des charges trop lourdes pour être portées à dos d'homme a toujours été pour l'humanité un but à atteindre. Pour ce faire, l'homme a d'abord mis à contribution la force animale, puis au gré des évolutions la roue, le rail, la vapeur, l'électricité et enfin avec l'atome il a atteint, provisoirement (?), ses rêves les plus fous. Les étiquettes de fromage ne sont arrivées que tardivement dans cette aventure mais elles ont tôt fait de rattraper ce retard avec leur iconographie libre de toute contingence. Bien évidemment, furent traités en priorité les ânes, les mulets, les charrettes… enfin tout ce qui s'attachait au milieu rural et laborieux.
Mais très vite ces contraintes choisies furent écartées au profit de représentations plus en phase avec l'actualité et chargées de mettre en avant la modernité de l'émetteur.
Les voitures hippomobiles firent places aux voitures automobiles. Les bateaux indispensables aux expéditions lointaines des fromages furent à leur tour mis à l'honneur. Le train, les premiers aéronefs, les avions modernes, les hélicoptères et jusqu'aux fusées interplanétaires, aucune évolution technique et de façon plus générale tout ce qui permettait de se singulariser aux yeux des consommateurs n'a échappé à nos étiquettes. Le passé ne fut pas oublié pour autant, diligences, galions et autres ballons dirigeables furent employés à toutes fins utiles.
Seules semblent leur échapper les mobilités douces, comme disent les journalistes et les écolos, ces nouveaux venus sur la scène médiatique.
En effet, patinettes, gyropodes et autres vélos-cargos restent pour un temps encore à l'écart de nos étiquettes. Les autres, nombreuses et variées, toutes plus anciennes, chargées de nostalgie et souvent de poésie, viennent pour notre plus grand plaisir enrichir nos collections.
Michel Coudeyre (Camembert-Museum, le 29 septembre 2024).
Date de dernière mise à jour : 02/11/2024